Le Ciné XIII Théâtre se décapsule en beauté en ce moment sur les hauteurs de Montmartre, à l’occasion de la 9ème édition des mises en capsules, le festival des formes courtes théâtrales. Un véritable tourbillon d’abeilles qui doit se voir de très loin vu le nombre de visiteurs qui se pressent au pied du théâtre.
Nous avons goûté quelques gorgées de miel de la récolte 2015, particulièrement parfumé, à la fois doux et violent, capiteux et léger, un peu à l’image de la salle garnie de sièges rêveurs, notamment ses lourds divans comiques et baudelairiens.
A quelle époque sommes nous au juste, en 1800, 1950 ou en 2015 ? Peu importe, nous voilà déjà grisés par l’ambiance joyeuse et électrique qui règne dans cette foire théâtrale.
Nous entrons par surprise, sans savoir exactement ce qui va nous être proposé car les spectacles qui se poursuivent tout le long de la soirée ont le toupet de ne jamais se ressembler et de ne surtout pas obéir à la sacrée sainte règle d’unité de temps, de lieu et de thème.
Les spectateurs peuvent donc s’attendre à quelques turbulences émotionnelles, cela va évidemment de soi avec l’appel d’offres de Mises en capsules.
Pains surprises donc, plutôt que repas avec entrée, plat du jour et dessert. Fichtre des repères ! De toute façon, comment aller se plaindre en coulisses auprès du chef cuisinier !
En ce qui nous concerne, nous avons eu droit à une jolie mise en bouche avec le spectacle « Les égouts de mon âme ». Les auteurs Sébastien BLANC et Nicolas POIRET font feu de tout bois pour écumer leur délirante fantaisie sur le thème de la femme auteure de romans de rose à succès qui tombe dans la soupe à crocodiles de la télé réalité saumâtre. C’est très drôle car les interprètes Pascal ZELCER et Anne BOUVIER, jouent les bouffons avec délectation . Un régal ! Quand donc Pascal ZELCER en Ubu Roi ?
En plat du jour, « La discorde » d’Alexandre MARKOFF sur le thème de la cacophonie qui règne lors des discussions à table, en réunion, paramétrée par les multiples clichés qui emboîtent les discours avenus et non avenus. Les nombreux interprètes se griment ou se grisent les uns et les autres comme s’ils tutoyaient l’impossible silence d’être ensemble, jouissant de l’art de parler pour ne rien dire.
Au dessert « Je descends souvent dans ton cœur ». Une histoire d’amour, celle d’une fille pour sa mère qui vient de mourir . La paille et le grain sont à l’intérieur du nid. Beaucoup de délicatesse ressort du texte de Flore GRIMAUD qui joue la mère. Quant à Lou CHAUVAIN, elle a cette présence de petite fille acidulée qui réussit à mettre de la lumière dans la douleur et c’est bouleversant !
Voila une soirée bien riche qui aura remué bien des humeurs mais pas indigeste . Nous recommandons cette belle table du Théâtre Ciné XIII, qui continue à concocter ses pains surprises jusqu’au 6 Juin 2015. A ne pas manquer !
Paris, le 29 Mai 2015 Evelyne Trân