PS : Bruno FOUGNIES était invité à l’émission « DEUX SOUS DE SCENE »sur Radio Libertaire, le Samedi 28 Février 2015 (en 1ère partie et en podcast sur le site de Grille des émissions de Radio libertaire).
Avec : Guy Basselet, Pauline Choplin, Claude-Alexandre Eclar, Bruno Fougniès, Sarah GFELLER, Rubia Matignon,Safia MIMOUN, Virginie Pothier, Ricardo Rey, Alexandra Sallé, Jean-Michel Vénus
Création lumière Nicolas LAPRUN
Il n’y a pas d’amour heureux disait Aragon. Est-ce parce que l’amour fait partie de ces sentiments qui ne peuvent composer avec la société ?
Les Noces de sang, pièce majeure de Federico Garcia LORCA tire sa source dans un fait divers, l’histoire d’un amour impossible entre un homme et une femme, à l’origine de la mort de son époux et de son amant.
La pièce n’est pas manichéenne, elle ne porte pas de jugements sur les personnages qui expriment chacun leur vérité, leurs valeurs.
Elles peuvent paraître bien conventionnelles mais c’est la loi du terroir andalou, primitive, qui nous rappelle que le mariage est un contrat qui ne lie pas seulement deux êtres à cause de leur amour mais leurs familles qui réunissent leurs biens.
L’amour entre le personnage de la fiancée et Léonardo est d’autant plus exacerbé qu’il est interdit. Les deux amoureux, faute d’argent, n’ont pu conclure un mariage. La fiancée s’est résolue à épouser un autre homme qui possède toutes les qualités, mais le jour même des noces, poussée par un désir irrépressible, elle s’enfuit avec Léonardo. A la fin, le fiancé retrouve l’amant et tous deux s’entretuent au couteau.
Rubia MATIGNON qui joue aussi le rôle de la mère assure la mise en scène avec beaucoup de délicatesse. La langue poétique de Lorca est si belle que son élégance aurait pu mettre en arrière-plan l’origine paysanne des personnages.
Nous ne sommes pas en ville mais à la campagne dans un village espagnol . Rubia Matignon suggère que le rapport au temps est également significatif pour exprimer le comportement des personnages, c’est celui de l’attente, du veuvage, du désir, de l’explosion.
Ricardo REY qui accompagne musicalement au chant le mystère de cette pièce est magnifique. Les comédiens sont également tous épatants, notamment Pauline CHOPLIN frémissante et bouleversante comme transpercée par le poème d’amour de LORCA.
La scénographie dépouillée, suggestive dans la pénombre rend compte de l’atmosphère lourde et angoissante de cette pièce où on entend l’amour et la mort se rejoindre.
Mais c’est beau, comme disait dans un souffle, à voix basse, une spectatrice, ce dimanche 9 Novembre 2014.
Voilà un spectacle à ne pas manquer, nous n’avons pas si souvent l’occasion d’écouter LORCA, ce poète engagé, assassiné à 38 ans lors de la guerre civile de 1936, qui connut Buñuel et Salvador Dali. Toute l’équipe du spectacle lui rend un bien bel hommage.
Paris, le 11 Novembre 2014, mis à jour le 23 Février 2015 Evelyne Trân