Soyez altruistes, vous revenez de Florence, cette superbe ville, vous vous êtes recueillis sur la belle tombe de MACHIAVEL dans l’église de SANTA CROCE et vous n’avez pas de meilleure idée que celle d’offrir son livre tout enluminé à l’un de vos proches, ne serait-ce que pour jouir de sa réaction.
S’il lui tombe des mains, dites-lui que vous avez vu un très bon spectacle drôle et ludique à propos de cette œuvre qui sans vous convertir au machiavélisme vous a fait découvrir quelques recettes piquantes, relevées et fort dignes de notre 21ème siècle. Il n’est guère difficile en effet de faire le rapprochement entre le prince et nos présidents, entre les stagiaires aspirants princes et des futurs chefs d’entreprise.
Les stages d’entreprise sont rarement amusants, mais celui qu’organisent deux formateurs quelque peu décalés à l’intention de futurs princes se révèle d’une drôlerie étourdissante.
Machiavel n’est pourtant pas risible, ni même les formateurs, ni même ces cobayes de stagiaires qui vont devoir expérimenter qu’il est si difficile d’être Prince que le livre de Machiavel, écrit il y a cinq cents ans, reste toujours d’actualité.
A l’enseigne, une vision pessimiste de la nature humaine « Tous les hommes sont méchants » Machiavel ose l’écrire à une époque où la tendance était plutôt de faire croire que l’homme avait été créé à l’image de Dieu.
Réalisme et pragmatisme seraient les deux mamelles de la politique, soutenues par la ruse et la force propres au renard et au lion.
Les stagiaires mis à l’épreuve se voient tancés par les doctes et fines observations de Machiavel. Il s’agit de véritables échardes de nature à flageller la vaste indifférence de ceux qui reconnaissent n’y comprendre rien à la politique.
Rappelons tout de même que Le Prince a été écrit à l’intention des Médicis qui régnaient depuis 30 ans dans la République de Florence et qu’il ne fût publié qu’après la mort de Machiavel et banni par l’Inquisition. En raison de son interdiction, il a beaucoup circulé, en tant que manuel d’éducation politique tant pour les princes que pour le peuple. Que recouvre d’ailleurs le mot « peuple » ? Tous ceux qui ne sont pas princes ?
Comme les stagiaires de la pièce, les spectateurs auront des questions sans réponse mais ils reconnaitront l’intelligence de la mise en scène du texte par Laurent GUTMANN et le talent des comédiens très vifs, dans ce spectacle interactif où voilà la réponse, le peuple c’est le public.
Une belle introduction à l’œuvre de Machiavel qui ne se limite pas au Prince, à découvrir vraiment, et un très agréable moment de théâtre quand le rire et la pensée se rejoignent. L’humour et le sérieux font bon ménage chez Laurent GUTMANN.
Paris, le 3 Octobre 2014 Evelyne Trân
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