> durée 1h10
télécharger le dossier du spectacle End/igné
Dans le cadre d’une semaine de découverte de la dramaturgie Algérienne, au Théâtre de l’Aquarium, le public peut découvrir une pièce de Mustapha BENFODIL, « END/IGNE » écrite en français, qui aborde un sujet particulièrement délicat, l’acte désespéré d’individus qui s’immolent par le feu, parce qu’ils ne peuvent pas faire entendre leurs voix.
Cette violence fait écho à la résignation, le silence qui musélent nombre d’individus dans la société. « Ce monde est laid » nous dit le metteur en scène Kheireddine LARDJAM. Il n’est pas évident de prendre le pouls d’une société humaine en mouvement. L’auteur de la pièce, écrivain reconnu et également reporter au quotidien algérien « EL WATAN » n’a pas voulu faire un documentaire ni faire du héros de sa pièce, AZIZ, un orateur politique. En prenant acte de situations désespérées qui propulsent des individus au-delà de la mêlée, il entend seulement soulever cette perche de parole qui grâce au théâtre encore peut s’élever contre toutes les langues de bois, in vivo.
Que les immolés par le feu soient récupérés politiquement, nous le savons bien mais ce qui importe aussi à l’auteur par l’entremise d’un autre personnage, l’ami de AZIZ, c’est de faire entendre la voix de tous ceux qui s’interrogent, qui ne comprennent pas, qui font partie de la majorité silencieuse.
Occupé à dépoussiérer « ses morts », coupé du monde, Moussa n’aurait pu imaginer qu’il se retrouverait devant le cadavre de son ami. Il le veille toute la nuit, puis s‘endort. C’est alors qu’AZIZ prend la parole.
Cette manifestation de la parole dans un lieu qui ressemble à une tombe, où le gardien fait figure d’enterré vivant, devient une force de vie incroyable.
Le comédien AZEDDINE BENAMARA nous fait oublier qu’il est seul en scène, son personnage Moussa est plutôt jovial, il ne cesse de dialoguer avec les autres, son besoin de parler est si naturel que le public perçoit cette évidence, il ne peut rester coupé du monde. Les autres font partie de lui et naturellement AZIZ son ami, son alter égo.
L’auteur, le metteur en scène, le comédien n’ont pas fait feu de tout bois, pour la création de ce spectacle « END/IGNE. Ils ont réuni leurs sensibilités, leur tact, leur courage, leurs réflexions, pour faire monter les voix de l’être en chair et en os, dans ce foyer qu’est le théâtre, pour la liberté d’expression. Un spectacle collectif très fort, de qualité, extrêmement sensible et vivant !
Il s’agit de rencontres humaines à travers AZIZ et MOUSSA si bien incarnés par AZEDDINE BENAMARA, il s’agit de notre sol humain.
Paris, le 27 Septembre 2014 Evelyne Trân