Souvenons-nous, Adam était célibataire avant de rencontrer Eve. Il n’y avait pas la télévision et aucune pomme ne tombait du majestueux pommier qu’il n’avait pas le droit de toucher. C’était le paradis, il s’ennuyait fermement mais ne s’en rendait pas compte. Lorsqu’Eve fit son apparition dans son jardin, évidemment ce fut un électrochoc.
Ce type de scénario est à l’œuvre depuis la nuit des temps et il est insatiable. Signalons tout de même qu’Eve a dû faire preuve d’une énergie démoniaque pour débusquer de son antre le pauvre Adam.
Lilian LLOYD ne craint pas les clichés qui font partie des réflexes élémentaires de l’âme humaine. Il signe une comédie légère qui lui permet d’ausculter tendrement les démangeaisons d’un célibataire quadragénaire, Olivier, qui doit supporter la présence d’une jeune femme, Loulou, particulièrement sans gêne, le temps d’un hébergement de quelques jours. L’homme est un ours mal léché mais il finit par tomber amoureux de la jolie mégère qui bouleverse son appartement.
Que l’intrigue soit banale comme un regard décoché vers un croissant de lune, cela signifie que l’amour est à portée de tous les cœurs et que même si la lune n’est pas pleine, son croissant peut bien bercer nos illusions.
Les comédiens ont à cœur de déguster devant le public ce joli croissant de lune. L’émotion est si bien au rendez-vous que nous n‘avons pas envie de croire que Loulou et Olivier puissent se séparer à cause d’un sinistre coup de ciseau de l’auteur. Et si Eve n’était qu’une putain. Décidément Adam alias Olivier a bien raison d’avancer son horloge de dix, voire de vingt minutes à chaque désillusion amoureuse. On aurait envie de lui crier de laisser tomber son cœur dans le marre de café, parce qu’au fond s’y trouve l’amour…
Je t’aime, moi non plus. Aussi divertissante et langoureuse qu’une chanson de Gainsbourg, la comédie de Lilian LLOYD, également metteur en scène, laisse libre cours à l’imagination d’Adam et Eve et à leurs interprètes. Sophie DI MALTA est étourdissante de fraicheur et de féminité et Bruno SANCHEZ, touchant, suivant les termes de sa compagne de trois jours, et parfois même bouleversant, lors d’une déclaration d ‘amour confuse et essoufflée digne d’un Cyrano aphone mais aussi authentique.
« Joyeux anniversaire quand même » Oui, même lorsque vous renversez la nappe puisqu’elle est réversible et qu’elle se soulève au fil des respirations et du rêve.
« L’amour s’en va comme cette eau courante
L’amour s’en va Comme la vie est lente Et comme l ’Espérance est violente» chante Apollinaire.
Paris, le 8 Juin 2014, mis à jour le 2 Septembre 2014 Evelyne Trân