Comédie musicale de Gilles Roland-manuel
Musique de Haendel, Purcell, Vivaldi
Mise en scène Olivier Couder
Assistante à la Mise en scène : Cécile Sanz de Alba
Chorégraphie Danse : Kaori Ito
Chorégraphie « Aérien » : Seiline Vallée
Costumes : Philippe Varache pour Tabarmukk
Décors : Jean-Baptiste Manessier
Lumières : Marie-Hélène PINON
Bande son et enregistrement : Dominique Massa
Dans le rôle de Blanche Neige : Delphine Jungman
Dans le rôle de la Sorcière : Patricia Zehme
Dans le rôle du Prince : Jody Etienne
Dans le rôle du Chasseur : Frédéric Payen
Dans le rôle du père supérieur : Nathanaël Favory
Dans le rôle du Roi : Stiva Michaux Paterno
Avec les comédiens du Théâtre du Cristal :Yoram Gué, Trang Lam, Marie Colin, Stéphane Guérin, Frédéric Payen, Nathanaël Favory, Thomas Caspar, Christelle Journet, Coralie Moreau, Stéphane Brunier, Nadia Sadji, Léonie Tisserand et Clément Langlais, Stiva Michaux Paterno.
Il n’est pas normal. Elle n’est pas comme nous. Ces phrases, quiconque a pu les entendre et les prendre pour soi ou pour les autres. Il y a toujours ce deuil d’infortune, le sentiment d’exclusion, paramètre de la solitude. Il est pourtant impossible de noyer sa propre individualité quelle qu’elle puisse apparaitre aux autres, sous prétexte qu’elle n’est pas conforme aux critères du plus grand nombre. Là serait vraiment la folie.
Comment donner du sens à ce qui nous parait étranger, extraordinaire, incompréhensible ? Avec un peu d’imagination sans doute. Il importe de se poser la question parce qu’avec tous les outils techniques dont nous disposons, nous avons de moins en moins besoin de faire appel à cette imagination élémentaire qu’est le rêve. Nous nous associons à des machines, ce qui est fort pratique. Nous pouvons faire du sport aussi mais nous n’avons guère le temps de nous occuper, même pour soi, de ce qui ne nous parle pas directement, de ce qui reste silencieux.
Il est heureux que beaucoup de nos interrogations personnelles restent en suspens, qu’une fleur, un homme ou une femme ne puissent délivrer tous leurs secrets car comment échapperions nous à la mort, celle de nos propres rêves, de nos fantasmes, de nos désirs, qui pour s’exprimer doivent rester ouverts.
C’est à ce titre que la démarche de Gilles Roland Manuel d’offrir une de ces rêveries au public pour en faire un rêve collectif avec des artistes professionnels et des non professionnels comme lui, des autistes, est réjouissante.
Le conte, c’est le parterre de l’humanité. Il est possible de se déplacer à l’intérieur de sa trame en toute infidélité. C’est une histoire de mouvement qui permet à chacun de penser soit qu’il se trouve un pied sur la vague, soit derrière, soit devant, soit qu’il puisse être emporté par elle. A la fin rétrospectivement, cela forme un récital de vagues.
Un lecteur enfant le sait qui se déplace aussi bien sur le mode de la reconnaissance que de l’inconnaissable et alors c’est son désir qui prend le pas, qui interprète à sa façon sans que quiconque puisse intervenir.
En tant que spectatrice, il me plait d’interpréter à ma manière et de filer mon rêve en douce et aussi de pouvoir faire circuler dans ma mémoire, toutes sortes de gens qui sont venus m’exprimer leur existence, en jouant, en chantant, en dansant, le soir d’une représentation de Blanche neige comme dans un conte. Que je leur dise, je ne les oublierai pas.
Du merveilleux tissé par une quarantaine de personnages qui créent leur propre Blanche Neige, l’inventent de toutes pièces, la concrétisent l’animalisent. C’est l’humus du conte que l’on ressent dans la magnifique mise en scène d’Oliver COUDER. Blanche neige n’est jamais isolée, elle se déploie au milieu d’êtres étranges et fantastiques mais familiers ; elle est presque sirène, et les comédiens ont la tâche d’exprimer la présence de la forêt à la fois bienveillante et effrayante. Cette Blanche Neige originale qui n’a pas la langue dans sa poche et tient la tête au Roi son père, et au Prince très fat, est toute haletante, portée par le souffle des esprits de la forêt enchantée et surprise par les effluves de musique baroque d’Haendel, Purcell, Vivaldi.
Blanche Neige devenue ondine parmi les moines chafouins – émanations étranges de quelques dogmes religieux hybrides- incarne la liberté et la sensualité, l’énergie de vie, la plante qui repousse, celle qu’on croyait morte et qui se réveille encore plus vigoureuse.
Les costumes sont fabuleux, c’est un peu comme si l’on voyait s’animer tous les personnages d’un tableau de Bruegel, tous rassemblés pour voir Blanche Neige, leur lutine, leur muse.
En point de mire également la chorégraphie extrêmement suggestive de de KAORI ITO, servie par des danseurs remarquables.
Blanche Neige incarnée par Delphine JUNGMAN séduit par sa fraicheur piquante. C’est une véritable rose mais avec ses épines, malicieuse comme toutes les adolescentes.
Pari réussi pour Gilles ROLAND-MANUEL et Olivier COUDER de travailler avec une quarantaine d’artistes handicapés qui insufflent sur scène leur présence théâtrale, leur imagination à découvert, phénoménale, notamment, Nathanaël Favory en Père supérieur et Stiva MICHAUX PATERNO en Roi.
« T’es pas comme moi » pourrait dire le lapin à la tortue. Il n’empêche que dans une forêt, certains animaux de la fable ont compris qu’en se réunissant, ils pouvaient former un magnifique orchestre. Disons que ces artistes viennent de nous donner une belle leçon de vivre au théâtre, et si ce n’est pas un conte de fée, alors ça fait partie de ces contes de vie à vous remplir de bonne humeur.
Merci à toute l’équipe pour cette superbe création de Blanche Neige, merci, encore merci !!!
Paris, le 25 Juin 2014 Evelyne Trân
Merci pour cet article formidable….
un détail : auriez-vous la gentillesse de rajouter
Lumières : Marie-Hélène PINON
(rares sont les spectacles qui se font sans lumière…..)
Merci à vous,
Marie-Hélène PINON
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Bonjour Madame,
J’ai rajouté votre nom qui manquait à la distribution.
Bien cordialement
Evelyne Trân
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BRAVO AU THEATRE ….
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