Mise en scène : Jean Pétrement
Distribution : Jean PETREMENT / Hadrien
Maria VENDOLA / Plotine
Elisa ORIOL / Elixa
Issame CHAYLE/ Antoine
Créateur lumières : Baptiste Mongis
Recouvert d’un halo de sagesse, reconnu comme un empereur humaniste et lettré, philosophe et pacifiste, L’Empereur romain Hadrien (76-136 ap J.C.) auquel Marguerite YOURCENAR donne la parole dans son roman philosophico-historique « Mémoires d’Hadrien » occupa l’esprit de cette dernière pendant plus de 3O ans, tant elle était intriguée par le règne de cet homme au II siècle de notre ère qui « fut pour un temps fort long, celui des derniers hommes libres ». Il s’agit d’une tentative presque exorbitante de parler de sa vie au moment de la quitter. L’imminence de la mort rend cruciaux et soucieux de vérité, les confidences, les souvenirs, les valeurs qu’entend transmettre un homme de pouvoir, affaibli par la maladie, à Marc Aurèle, un jeune homme de 17 ans. Une véritable tension assez extraordinaire parcourt le récit d’Hadrien dont la voix réfléchie et posée est absolument pénétrante. Mais on imagine difficilement sa représentation physique. L’adaptation théâtrale de Jean PETREMENT est donc fort bienvenue. Elle nous rappelle qu’après tout cet Hadrien fut un homme en chair et en os et qu’il aima physiquement et spirituellement un jeune berger appelé ANTINOUS. Jean PETREMENT met en scène Hadrien, tout juste à la veille de sa mort dans les thermes où il s’est réfugié, en compagnie d’une jeune esclave grecque Elixa et Antoine, son jeune secrétaire qui transcrit ses mémoires. Une autre figure d’importance intervient en la personne de PLOTINE, la femme de son prédécesseur TRAJAN, qui fut sa confidente et amie. Jean PETREMENT est un excellent créateur d’ambiances et la cave du théâtre de l’ESSAION s’avère tout à fait appropriée pour représenter Les thermes antiques. Les dialogues entre Hadrien et les jeunes Elixa et Antoine, toujours vifs et animés mettent en valeur un Hadrien plutôt virulent et nerveux, plus sanguin que timoré et introverti. La tension intérieure du roman de Marguerite YOURCENAR se mue en tension orageuse mais tonique dans l’adaptation théâtrale de Jean PETREMENT. Cela dit, l’auteur, metteur en scène qui incarne lui même HADRIEN n’a pas tort de souligner la passion qui domine le personnage, une passion pour la vie elle-même qui lui permet de dire « Tâchons d’entrer dans la mort, les yeux ouverts ». Fort bien construit, le spectacle puise dans les considérations morales et philosophiques du roman, les points de contradictions qui soulèvent les personnages distancés par l’âge et la condition sociale. Un charme supplémentaire s’ajoute aux joutes philosophiques de tous les personnages, qui n’est pas le moindre puisqu’il s’agit de la poésie inspirée par Fernando PESSOA qui émane de PLOTINE, une figure pleine de mystère et de douceur confondus, interprétée avec grâce par Maria VENDOLA. Les deux jeunes excellents interprètes, Elisa ORIOL et Issame CHAYLE concourent à faire de ce spectacle une agréable surprise, qui rend plus qu’aimable la figure trop sérieuse d’HADRIEN, la rendant moderne et vivante. Que ferait donc cet animal politique HADRIEN, de nos jours ? La question se pose. Puisse ce spectacle donner quelques armes bienfaisantes à nos futurs politiques ! Paris, le 8 AVRIL 2014 Evelyne Trân