Mise en scène : Vincianne Regattieri
Direction musicale et composition : Vincent Heden
Avec : Lucas Anglarès, Sinan Bertrand, Christophe Bonzom, Alexandre Bonstein, Lauri Lupi, Léo Messe
Coréalisation : Vingtième Théâtre et Magnus Casalibus
Scéniquement, un ROMEO et JULIET interprété par des hommes, ça a de l’allure. Vincianne REGATTIERI entend mettre le feu aux poudres de cette comédie romantique, dans un corps à corps drolatique où tous les personnages grimés et volontiers grotesques assument leur animalité au chevet d’une histoire d’amour extraordinaire.
Les corps rayonnent et peuvent se livrer à leur nature acrobate, jouer de leurs masques et grimoires. Ce sont eux qui parlent d’amour quand ils ne s’entretuent pas. Avant de s’offrir une couronne mortuaire, l’amour se prononce physiquement, il est dionysiaque, fabulateur comme un tableau d’Arcimboldo.
Des portants de penderie à roulettes et des malles de magicien forment les accessoires exponentiels des comédiens transformistes qui se déplacent sous les feux d’une musique d’inspiration pop et glam rock.
Cette déclinaison de l’amour fou pris au piège de sa texture baroque, un brin punk, étouffe volontairement le feu follet si tendre des déclarations amoureuses de Roméo & Juliet.
La poésie de Shakespeare y perd quelques plumes d’Ophélie au profit de celles de paons plus criantes et comiques.
Où diable la féminité de Shakespeare allait-elle donc se loger pour faire entendre ce pffuit de l’amour qui ne trouve refuge que dans l’ombre. A son époque, tous les personnages étaient joués par des hommes, il n’en demeure pas moins qu’il a créé d’authentiques figures féminines avec Ophélie, Juliette, Lady Macbeth etc…
Cela dit, l’artifice est maître au théâtre, il faut y consentir et même changer d’habits en tant que spectateurs, en déplaçant son fusil d’épaule. La version extravagante mais conforme à l’esprit bouffonesque du théâtre Elisabéthain, que nous offre Vincianne REGATTIERI donne toute latitude aux comédiens de se livrer corps et âmes aux fantasmes d’un Shakespeare quoiqu’on en dise, quoiqu’on le joue, toujours bien mystérieux.
Le 24 Juin 2013 Evelyne Trân