Avec ce nouveau spectacle du Cirque des mirages, voilà que notre imagination prend les voiles, bien arrimée à ces vagabonds des mers.
Pour traduire l’emportement, la fièvre, la fascination qu’exerce sur les hommes la violence de la nature, les artistes ont créé des instruments de musique auxquels ils associent tout naturellement la parole, le chant, la danse, et tout cela depuis la nuit des temps.
L a nuit des temps, rendez vous compte ! Propre à envoyer sur scène des créatures tricotées par des écrivains extravagants tutoyant aussi bien Frankenstein, Moby Dick, Dracula, Edgar Allan Poe, Jules Verne, etc.
YANOWSKI qui fait partie de ces écrivains extravagants, ne s’embarrasse pas de lieux communs. Hanté par Circé, la magicienne qu’il évoque à souffle coupé, son corps est le siège des démons de son invention.
Capable de mimer le navire en plein naufrage, le désert, la tempête, le comédien impressionne par sa stature :
Oh! marins perdus,
Au, loin dans cette ombre
Sur la nef qui sombre
Que de bras tendus …(Victor Hugo)
et sa voix tantôt d’un calme inquiétant tantôt de stentor.
Tour de magie de la mise en scène, avec FRED PARKER pour équipage, nous avons l’illusion qu’il joue du piano sur le ponton d’un navire chancelant mais parcouru par le diadème d’une lune en pleine effervescence.
Nous croyons discerner quelques zébrures de DEBUSSY ou de SATIE, mais il s’agit de compositions sur mesure de FRED PARKER pour suivre son compagnon de voyage, en démesure pour tromper l’ombre, n’est ce pas, cette peur du noir enfantine et fantasque.
Capitaine au long cours, capitaine tout court, dandy sorti des faubourgs de Londres ou des ruelles de Venise, au 18ème ou 19ème siècles, se peut-il que YANOWSKI, avec la complicité de FRED PARKER se soit trompé d’époque ?
Pour remettre les pendules à l’heure, les spectateurs sont invités à éclaircir ce mystère et à toucher du doigt et de l’oreille les indices qui leur permettront d’assouvir leur curiosité. A défaut, piégés par le cirque des mirages, ils auront tout loisir de faire connaissance avec ses excentriques et fabuleux habitants YANOWSKI et FRED PARKER.
Paris, le 2 Mai 2013 Evelyne Trân