(Flûte indienne Bansuri et trompette), émission DEUX SOUS DE SCENE RADIO LIBERAIRE 25 AOUT 2012)
Ils ont une façon de dire « Tout le monde s’en fout »
Mais toi, tu as marché, si longtemps, seule, dans la forêt humide
Qu’au salut d’une feuille qui voltige
Au bruit de tes pas, à peine désorientée,
Paresseuse lumière,
Tu dis contenir un paysage
Comme un être mutilé qui ne connaît de l’homme que ses peurs
ou son incroyable vanité
Toi, comme un visage en escapade
Qui court sur le bruissement d’une feuille
T’es tu donc égarée, jeune patiente,
Songe qu’il y a bouture
Dans le noir soleil de ta solitude.
Je suis une patience d’arbre, dis-tu,
Je suis une forme allongée de tout ce qui peut naître,
A partir, je te l’ai dit, c’est rien….
Mais voilà, tu voulais que ta parole s’accroche à la mienne,
Tu voulais la reconnaissance de mon regard,
Comme un visage adoubé à la forêt…
J’avais l’œil plantu de la forêt sur les épaules
Au passage de ton regard aussi fragile
Aussi solide qu’un fil de toile d’araignée.
Devenir écrivain, c’était passer par toutes les artères de ton corps
C’étai passionnément entendre bruire
Sous mon étreinte un papillon
Pour dire que c’était impossible.
Je parle une langue étrangère, la tienne
Je ne peux t’aimer que parce que je t’épouse étrangère.
C’est une histoire de conjugaison, de mouvement
C’est une histoire de tremblement
Et pour faire dribler un ballon sur le trottoir
Je sens bien combien les choses sont éternelles qui passent …
puisque nous ne sommes que leur mémoire active, désactivée.
Et puis qu’importe si vous n’êtes pas funambules,
Dîtes leur que vous n’aimez pas la facilité
Que vous voulez tout explorer
Mille ans valent mille gouttes d’eau
Pour braver la tempête sur un tableau.
Dîtes leur que vous avez succombé à la beauté.
Eprouve en écho une voix voilée,
Pays emprunté, voie détournée
Va pour attiser une douleur trop confortable
Qui n’est pas de mise, voyons,
Comment donc, jouerais-tu avec le feu
Quand tes larmes ne sauraient l’éteindre,
Et pourtant, et pourtant
N’est ce pas parce que le chemin est difficile qu’il t’exalte,
Et que tu connais toutes les coutures sous l’artère
Qui va de l’aboiement au raclement d’une cuillère dans une tasse de café, à l’impatience, au tourment, au ricochet de l’insulte,
Qui va du reniement à la reconnaissance,
Tout cela pour ne pas regarder celle qui pleure en face de toi.
Mais là bas, dans ce trésor de ta propre indifférence,
Tu n’auras plus qu’à décliner les saisons
Pour déchirer le voile
Pour l’écouter parler celle à qui tu donnes ton souffle
En partant de rien
Parce que tu veux encore les entendre
Marcher sur toi ceux que tu as aimés.
Histoire sans fin.
Evelyne Trân