
- Photo Fabienne Rappeneau
- Mise en scène de Thierry Harcourt assisté de Clara Huet
- Avec Frédérique Tirmont et Bernard Crombey
- Musique Tasio Caputo
- Lumière Thierry Harcourt et Pascal Araque
- Costumes Laurent Mercier
Encore une nouvelle mise en scène des Chaises. Je connais un artiste qui peint avec amour la chaise. Pour l’œil et même pour l’esprit, c’est reposant une chaise « vide ». L’imagination s’en empare et elle acquiert une individualité propre, sans doute grâce au regard du peintre amoureux.
A propos de sa pièce Les Chaises Eugène IONESCO n’a-t-il point dit qu’elles étaient les personnages principaux ? Dans la mise en scène de Thierry HARCOURT, elles ne sont que deux avec deux petits escabeaux.
Un vieux et une vieille qui forment un couple depuis 75 ans suffisent à accaparer la scène. Ils parlent pour occuper le temps ; ils donnent l’impression d’être isolés dans leur bulle. Ont-ils peur du vide, du silence ?
Ils se donnent en spectacle, un peu comme des enfants, ils jouent aux maîtres d’hôtes qui accueillent une foule d’invités.es et leur tiennent la conversation. Eh bien sûr au fur et à mesure, ils apportent des chaises (invisibles). C’est un incroyable ballet avec le vide qui finit par lui donner consistance. Toute cette peine qu’ils se donnent pour de vrai a quelque chose de vraiment touchant. Ces deux vieux sont capables de s’inventer un monde indestructible parce qu’il ne fait partie que de leur imagination. Cela agit comme un défi vis à vis de la mort, de la réalité.
Même si Ionesco parait dénoncer l’inanité de la logorrhée humaine, ses personnages dialoguant avec des invités qui n’existent pas, les interprètes Frédérique TIRMONT et Bernard CROMBEY semblent s’être concertés pour prouver le contraire. Ils témoignent d’une belle vitalité, le néant n’a qu’à aller se rhabiller !
Le 25 mars 2024
Evelyne Trân
.N.B : Le spectacle a eu lieu du 10 janvier au 10 mars 2024 au Théâtre LE LUCERNAIRE à PARIS
Article également publié dans LE MONDE LIBERTAIRE.FR