« Mémoires invisibles ou la part manquante », par le collectif La Palmera, les 11 et 12 Mai 2023 à 19 H 30 : LE CELLIER 4 Bis Rue de Mars 51100 REIMS, le mercredi 17 Mai 2023 de 19 H 30 à 23 H (La représentation sera suivie d’un moment d’échange convivial) à la Maison de Quartier de Villejean 2, rue de Bourgogne 35000 RENNES et le mardi 23 Mai à 19h à L’Espace Culturel André Malraux 2 Place Victor Hugo 94270 LE KREMLIN BICETRE.

Photo Vincent BEAUME

Texte Paul Nguyen. Collaboration à l’écriture Brigitte Macadré-Nguyen. Jeu Angélique Zaini, Quentin Raymond, Paul Nguyen. Collaboration artistique Néry Catineau. Collaboration à la mise en scène Kên Higelin. Collaboration à la dramaturgie Nelson-Rafaell Madel. Lumières Romain Ratsimba. Son Pierre Tanguy.

Qui n’a jamais rêvé de remonter le passé et de partir à l’origine de son histoire ? Au cœur de cette question fondatrice, le Collectif La Palmera nous plonge dans leur quête et étire pour nous le fil du temps. 

Un homme, Paul, parle au public de sa double culture, de ses origines vietnamiennes mal connues et des recherches qu’il entreprend pour mettre des mots sur ce qu’il ne sait pas. Il croise sur sa route une autrice, Brigitte, qui décide de l’accompagner dans sa quête. Au fil de leurs rencontres, ils évoquent l’exil, le déracinement, la famille. 

Peu à peu, la quête du jeune homme le conduit sur les traces de son grand-père, personnage ambigu et romanesque ayant traversé les guerre d’Indochine et du Vietnam. Paul décide de poursuivre sa route seul, plongeant dans l’abîme d’un passé insaisissable et sans certitudes. De son côté, Brigitte entame une longue errance dans l’écriture qui va l’amener à s’interroger sur les non-dits de sa propre famille. Comment se construire sur les débris d’une mémoire fragmentée ? Mêlant enquête, conversations, journal de bord et scènes de fiction, ces récits à tiroirs nous entraînent dans les méandres de la grande et de la petite histoire, et questionnent les transmissions silencieuses qui réinventent en permanence nos identités.

Ayant assisté en Juin 2O22 à une lecture en espace de ce spectacle au Musée des Arts asiatiques de Nice, je reproduis ci-dessous la chronique que j’avais écrite le 22 juin 2022 :

Aller vers le public, se tourner vers la scène pour faire le récit d’une quête intime, celle d’un homme qui se sait aiguillonné par le passé de ses aïeux où les guerres et l’exil sont devenus « des mémoires invisibles ». Il faut se coller au mur de l’invisible, imaginer surprendre un papillon frôler l’arbre fantastique de la mémoire de tous les anonymes qui auraient à cœur de raconter leur corps d’Asie et d’Europe, ayant toujours à l’esprit cette distance géographique, 10.000 Km du Vietnam à la France à vol d’oiseau. Au siècle dernier dans les années 40, il fallait parfois un mois en paquebot pour la franchir. Cela donne le vertige…  

Il y aurait une identité d’eurasien-ne, mais elle ne s’entend guère. Par ailleurs que l’on soit issu d’un couple mixte franco-vietnamien, ou pas, la notion de double culture ne peut s’appliquer à toute personne d’origine asiatique née en France. C’est d’ailleurs là où le bât blesse, le facies ne définit pas la culture, la sensibilité ou l’intériorité d’un individu, il est posé comme un masque, un signe parmi d’autres comme la couleur de peau ou des yeux.

L’histoire que raconte Paul NGUYEN est toute personnelle, car de toute évidence c’est une aventure que celle de partir en quête de ses origines en se projetant sur la figure d’un aïeul quasi inconnu lequel, ce n’est pas un hasard, est prénommé Paul.

Dans toute histoire familiale il y a des trous, des non-dits et la transmission d’un ancêtre à ses descendants ne peut aller au-delà de la 3ème génération, à fortiori lorsque cet ancêtre a voyagé, que l’Indochine a disparu ainsi que les archives.  

Mais le personnage que Paul Nguyen met en scène ne veut pas renoncer à sa quête « impossible » et il continue à fantasmer sur cette part de Vietnam en lui.  

Le regard de l’autre l’a renvoyé à son facies qui porte les traces d’un pays effacé, le Vietnam. Paul fait penser à Hamlet quand il dit « Quelle place ici, là-bas, ni ici, ni là-bas, partout, nulle part.  Il parle de « déracinement profond, d’enracinement raté ».

Les psychologues disent que les séquelles traumatiques se transmettent de génération en génération. Paul pense que » le corps n’oublie pas, il garde les douleurs anciennes, il transmet le souvenir de la guerre à ceux qui ne l’ont pas vécue. Il maintient le lien. »

La quête d’identité qu’exprime Paul Nguyen a un rapport avec sa sensibilité et son appréhension du monde et ce qui est intéressant c’est qu’elle met le doigt sur cette part d’inconnu que tout individu peut éprouver en lui-même dès lors qu’il s’interroge. Aussi bien, on pourrait penser à CAMUS qui enquête sur son père inconnu mort à la guerre de 14/18 dans son livre posthume Le premier homme.

Dans cette lecture en espace Paul dialogue avec Brigitte, elle aussi de père vietnamien. L’un et l’autre se questionnent. A l’intériorité de Paul répond la vivacité de Brigitte.

Une très belle lecture, passionnante de bout en bout. Avec la perspective de nouvelles dates du spectacle. A suivre…

Le 4 Mai 2023

Evelyne Trân

Un commentaire sur “« Mémoires invisibles ou la part manquante », par le collectif La Palmera, les 11 et 12 Mai 2023 à 19 H 30 : LE CELLIER 4 Bis Rue de Mars 51100 REIMS, le mercredi 17 Mai 2023 de 19 H 30 à 23 H (La représentation sera suivie d’un moment d’échange convivial) à la Maison de Quartier de Villejean 2, rue de Bourgogne 35000 RENNES et le mardi 23 Mai à 19h à L’Espace Culturel André Malraux 2 Place Victor Hugo 94270 LE KREMLIN BICETRE.

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