
Avec Nicolas Struve (jeu) et Mico Missim (jeu et musique)
Regard scénographique : Raymond Sarti
Regard chorégraphique : Sophie Mayer
Œil extérieur : Stéphanie Schwartzbrod
Lumière : Antoine Durris
Production : l’Oubli des Cerisiers

Photo D.P
Une démocratie splendide d’arbres forestiers, le titre du spectacle tiré d’une lettre du poète John KEATS exprime toute la tonalité de son univers.
Rien n’est impossible pour le poète, surtout pas ses rêves :
« L’humanité́, au lieu d’être une lande sauvage de ronces et d’ajoncs çà et là plantée d’un chêne ou d’un sapin isolé, deviendrait une démocratie splendide d’arbres forestiers. »
Nicolas STRUVE dit que la première fois où il a lu le nom de Keats, c’est dans un livre de science-fiction, Les Cantos d’Hypérion de Dan Simmons. Keats y était la capitale d’une petite planète qui prenait une place centrale au sein de l’Hégémonie, un regroupement de 200 planètes et 150 Milliards d’habitants. Et c’est ainsi que lui est venue l’envie d’un spectacle sur Keats.
Keats est un poète britannique du début du 19ème siècle considéré comme romantique. Un qualificatif de nature à faire fuir les sensibilités libertaires. Rappelons à ce sujet les propos de Proudhon : « Le romantisme a été de l’idéalisme à corps perdu, du pastiche, de la fantaisie folle et sans nom », et « Ai-je le tort de dire que le premier acte de révolution sociale devrait être de jeter au feu toute la littérature romantique ».
La liberté d’expression se gausse des étiquettes ! Entendez plutôt cet extrait du poème Où est le poète ?
Où est le poète ? Montrez-le ! Montrez-le,
Vous les neuf Muses ! que je puisse le reconnaitre.
C’est l’homme qui en face d’un homme
Est toujours égal, fût-il un roi,
Qu’il soit le plus pauvre de la tribu des mendiants
Ou n’importe quelle autre chose étonnante
Que puisse être un homme entre un singe et Platon ;
Le spectacle de Nicolas STRUVE a le grand mérite de dégager un portrait du poète particulièrement piquant, épidermique et inventif. C’est à travers ses lettres et des extraits de ses œuvres que le comédien nous conte le récit de sa vie de manière très récréative en utilisant des pancartes en carton et des figures peintes créées avec Raymond SARTI, représentant les différents personnages ayant côtoyé le poète.
Sans ressources, issu d’une famille modeste, Keats décida de consacrer sa vie à la poésie. Il fut moqué par ses contemporains mais n’en eut cure car il ne recherchait pas la gloire. Atteint de tuberculose, il mourut en pleine jeunesse à 26 ans .
Le comédien entend faire passer la voix d’un jeune homme exalté, énergique et combattant. Il incarne la démarche sensuelle et chaleureuse du poète. Il devient animateur dans un champ de poèmes, de fleurs de pensées courageuses et originales, pensées-poèmes qui courent et ruissellent et qui dansent, s’agrémentant des improvisations de Mico MISSIM.
C’est leur mouvement qui instruit le cœur de John Keats s’écriant : « J’ai pour ambition de faire du bien au monde ».
Le 28 février 2023
Evelyne Trân
N.B : Article initialement publié dans LE MONDE LIBERTAIRE.FR