
Conception et écriture Myriam Saduis Avec Myriam Saduis, Pierre Verplancken en alternance avec Olivier Ythier
Collaboration à la mise en scène Isabelle Pousseur
Conseillers artistiques Magali Pinglaut et Jean-Baptiste Delcourt
Lumières Nicolas Marty
Création vidéo Joachim Thôme
Création sonore Jean-Luc Plouvier (avec des extraits musicaux de Michel Legrand, Mick Jagger / Keith Richards, Amir ElSaffar)
Ingénieur du son et régisseur vidéo Florent Arsac Mouvement Nancy Naous Création des costumes Leila Boukhalfa
Collaboration à la dramaturgie Valérie Battaglia
Construction Virginie Strub
Maquillage et coiffure Katja Piepenstock
Administration Patrice Bonnafoux
Coordination compagnie Philippe Bourges
Direction artistique Myriam Saduis
TOURNEE
Le 15 novembre 2022
FINAL CUT
Le Safran, AMIENS (FR)
29 Novembre 2022
FINAL CUT
Arcueil. Festival Les Théâtrales Charles Dullin (FR)
3 et 4 mai 2023
FINAL CUT
CCAM – Centre Culturel André Malraux
Scène Nationale de Vandœuvre-lès-Nancy (FR)
Du 23 au 27 Mai 2023
FINAL CUT
ATJV – Théâtre Jean Vilar ( BE)
Aujourd’hui, toi tu vas dire que tu t’en fous de ton histoire familiale, tu vas la considérer comme extérieure, tu vas même avoir honte d’en parler ou d’en avoir parlé comme s’il s’agissait d’un arbre mort qui vient barrer ta route. Mais voilà ce que tu considères comme un arbre mort, tu l’éprouves comme un signe, tu ne peux pas en faire abstraction parce que devant toi c’est le brouillard et derrière toi, tu le sais, c’est ce qui t’a amené jusqu’ici jusqu’à cette route barrée. Sauter par-dessus l’arbre mort. Oui bien sûr. Cela n’est pas si compliqué même pour un individu qui serait peu sportif, et craintif. La vérité c’est qu’il aurait davantage peur de lui-même que du danger inconnu. Alors tu fais une pause, tu vas considérer ce qui te barre la route comme un gros tronc d’arbre. Tu vas même remarquer que de la mousse a envahi cette pièce d’arbre. Il n’y a personne d’autre ici que toi pour la contempler. Tu représentes un point dans cette histoire, tu ignores s’il est lumineux ou pas, c’est un point de rencontre, celui qui signe l’instant où tu te retrouves devant cette route barrée. Toi, face à cet arbre qui gît à terre, tu ne peux t’empêcher de te dire que tu es vivante. Alors tu as une responsabilité face à lui, tu peux le faire parler, en tout cas l’ausculter, en tout cas rendre compte de sa présence.
Ces considérations en préambule pour parler du spectacle de Myriam SADUIS, actrice, auteure et metteure en scène qui a créé une pièce intitulée FINAL CUT à partir de son histoire familiale :
« Même si chaque histoire est singulière, toutes et tous nous partageons ce fait universel que nos secrets de famille sont tissés d’histoire jusqu’à la moëlle — tout passant à la fin au fleuve du récit collectif. »
Myriam SADUIS est le fruit de la rencontre amoureuse entre sa mère européenne et son père arabe. Elle est née en 1961 en pleine décolonisation. Les parents de sa mère, colons en Tunisie durant le protectorat français, racistes n’ont pas accepté l’union de leur fille avec un Tunisien. Il s’agissait d’une transgression insupportable. Les parents se sont séparés et la mère a rayé de sa carte le père arabe jusqu’à œuvrer pour son expulsion hors de France.
C’est une histoire terrible que raconte Myriam SADUIS. Il semble qu’elle ait labouré à l’intérieur d’une plaie immense mais ce faisant toute à la quête de son père, elle a voulu comprendre la folie de sa mère et ce qui a contribué à sa paranoïa, n’hésitant pas à y associer la paranoïa de l’empire colonial français :
« Dans FINAL CUT histoire familiale et grande histoire se trament ensemble ».
Difficile de mesurer le travail entrepris par Myriam SADUIS pour mettre à distance sa douleur et s’élever au-dessus du malheur. Il ne s’agit pas de résilience, terme trop galvaudé, mais de prise de conscience.
L’amour qu’elle porte à ses parents engage et éclaire sa parole. Sur scène, elle s’exprime avec une vitalité, une générosité communicatives qui forcent le respect.
Cette entreprise courageuse, celle d’exposer sa propre histoire loin de résonner comme l’arbre qui cache la forêt, l’histoire avec un grand H, nous la désigne avec profondeur.
Le 15 novembre 2022
Evelyne Trân
Article initialement publié sur le MONDE LIBERTAIRE.NET :