
A l’heure où un candidat d’extrême droite à la Présidence de la République se fait applaudir en tirant à boulets rouges sur les étrangers et ce faisant en incriminant de tous les maux une importante partie de la population française issue de l’immigration – 14 millions de personnes sont soit immigrées soit enfants ou petits-enfants d’immigrés et parmi elles plus de 10 millions sont d’ores et déjà françaises (source le Musée d’histoire de l’immigration in Economie et Statistique Avril 1991) il apparait crucial de se rattacher à l’idéal de fraternité universelle de Joséphine BAKER.
Dès lors le témoignage d’un de ses enfants, Brian BOUILLON-BAKER, sobre et réfléchi ne peut que retenir notre attention.
Brian BOUILLON BEKER a été adopté à l’âge de 6 mois lors d’une visite de Joséphine Baker dans un orphelinat pendant la guerre d’Algérie. Ses parents avaient été tués dans les combats.
Le témoignage a une portée universelle, celle d’un fils vis-à-vis de sa mère. Il est également émouvant parce qu’il parle en tant que membre de la Tribu Arc-en-ciel, composée par ses frères et sœurs embarqués dans cette aventure extraordinaire, celle de représenter la famille voulue et rêvée par Joséphine BAKER : « Nous nous efforçons tous, au quotidien et à notre façon, d’appliquer autour de nous les principes de l’école de l’Universel que Maman nous a inculqués. En ces temps de communautarismes et de racisme pandémiques, ça n’est pas du luxe, croyez-moi ».
Joséphine leur disait « En cas de pandémie d’intolérance, ne jamais laisser cette crasse mentale salir votre habitation ou votre esprit ».
Joséphine BAKER née d’un père « blanc » et d’une mère « noire » a fondé avec son mari Jo BOUILLON une famille issue de 4 coins du monde.
Elle entendait réduire à néant la notion de racisme. D’instinct, elle avait compris que les enfants ne naissent pas racistes et que si le racisme perdurait c’est parce qu’il était véhiculé par les adultes.
Brian confie qu’il n’a pas eu « de gros problème identitaire, ma famille adoptive avec ses rires et ses chamailleries me correspondait amplement, c’était mon destin, voilà tout ». Parce qu’avec sa mère, c’est une histoire d’amour et qu’il l’a choisie enfant avec un sourire lorsqu’elle s’est penchée vers lui.
Une certaine gravité émane de ce livre de souvenirs exempt cependant de sentimentalisme, et sans complaisance. Brian évoque les conflits de génération que connaissent souvent les enfants vis-à-vis de leurs parents. Joséphine Baker n’a pas échappé à la règle.
Si certaines anecdotes croustillantes nous font sourire, c’est tant mieux. Joséphine rayonnait naturellement tout en restant humble. Elle avait de l’amour à revendre.
Le témoignage est sans ambiguïté. Brian ne dissimule pas les faiblesses de sa mère dont il dit qu’elle a un caractère entier. Il semble vouloir contenir en lui cette flamme de Joséphine grâce à laquelle il a eu une enfance et adolescence heureuses bien que hors normes.
A l’issue de la lecture demeure ce sentiment qu’il y a des valeurs à partager quoiqu’il en coûte, même à sacrifier son égo au profit de la solidarité confraternelle.
Il ne s’agit pas d’un livre de plus sur Joséphine BAKER. Brian BAKER naturellement a envie de communiquer son ressenti en hommage à sa mère mais aussi pour affirmer que c’est possible la famille universelle.
Eze, le 22 Décembre 2021
Evelyne Trân
N.B : Article publié également sur le MONDE LIBERTAIRE.NET
https://www.monde-libertaire.fr/?article=Josephine_Baker_racontee_par_un_de_ses_enfants