
Mise en scène : Bruno Dairou, Edouard Dossetto
Interprètes : Pablo Chevalier, Edouard Dossetto, Josselin Girard, Céline Jorrion, Antoine Laudet, Antoine Robinet
Créa. lumière : Arnaud Barré
Régisseuse : Héléna Castelli
Scénographie : Pierre Mengelle
Graphiste : Camille Vigouroux
Parce que la mort existe, parce que Dieu est mort, alors tout est permis ! A partir de la conscience de la mort imminente et absurde, Camus fait planer le doute sur la consistance d’un individu face à lui-même et face aux autres. Bien que Camus se défende d’avoir écrit une pièce philosophique et historique, comment ne pas déceler chez le personnage de Caligula, la volonté de puissance qui peut être aussi créative que destructrice et qui interroge sur l’avenir de l’homme d’un point de vue universel.
En résumé, la pièce « Caligula » met en scène un empereur Romain tyrannique qui agit avec démesure en quête d’impossible (Wikepidia).
Dans une version de 1937, Caligula doit apparaître en ouvrant le rideau et dire : Non, Caligula n’est pas mort. Il est là, et là. Il est en chacun de nous. Si le pouvoir vous était donné, si vous aviez du cœur, si vous aimiez la vie, vous le verriez se déchainer ce monstre ou cet ange que vous portez en vous… ».
Dans la réalité, chacun sait qu’un homme n’arrive pas seul au Pouvoir, il a des complices, celui qui se croit seul est un fou.
Dans Caligula, il est question d’un drame individuel, d’un cri de révolte existentiel qui n’a pas vocation à être diffusé, entendu sauf dans une scène de théâtre ou un poème lyrique de Rimbaud.
Pourriez-vous l’imaginer dans la bouche d’un Hitler ou d’un Pinochet ?
Si ce cri est audible grâce au lyrisme de Camus, le comportement des personnes falotes qui l’entourent, à terre et donc humiliées, est beaucoup moins éloquent.
La scène la plus émouvante à mon sens est celle de la dernière conversation entre Caligula et sa maitresse qu’il va étrangler alors qu’elle est la seule à accepter de rester auprès de lui jusqu’au bout.
Le spectre de la mort plane. Parce que le tyran a le pouvoir de vie et de mort sur ses sujets. Il est assassin par mépris des humains qui ne l’intéressent pas. Il a le pouvoir de tuer mais pas d’aimer.
La pièce en somme soulève tellement d’interrogations qu’il n’y a pas d’autre choix que d’écouter la belle langue de Camus. Dans la mise en scène sobre de Bruno Dairou et d’Edouard Dosseto, elle est bien servie par l’ensemble des comédiens.
Pourtant le regard intérieur du spectateur qui ne peut qu’être choqué par la virulence de la pièce, reste en suspens faute de pouvoir reprendre souffle. Le mouvement nous a paru trop rapide ne laissant guère de place aux silences, aux ombres des personnages qui ne tiennent pas seulement au travail de l’éclairagiste mais à leur surface.
Eze, le 14 Juillet 2021
Evelyne Trân
N.B : Article précédemment publié dans Le Monde Libertaire.net du 28/06/2021
https://www.monde-libertaire.fr/?article=Le_brigadier_en_Avignon