RABELAIS de Jean-Louis Barrault d’après les textes de Rabelais

mise en scène Hervé Van der Meulen au Théâtre 13 – 103 A, Bd Auguste Blanqui 75013 PARIS (métro Glacière) du 1er juin au 8 juin : du mardi au samedi à 18h, le dimanche à 16h et du 9 juin au 19 juin : du mardi au samedi à 20h, le dimanche à 16h

Durée 2h10 environ – Sans entracte – À partir de 15 ans

avec 18 comédien.ne. s Étienne Bianco, Loïc Carcassès, Aksel Carrez, Ghislain Decléty, Inès Do Nascimento, Pierre-Michel Dudan, Valentin Fruitier, Constance Guiouillier, Théo Hurel, Pierre-Antoine Lenfant, Olivier Lugo*, Juliette Malfray, Mathias Maréchal, Ulysse Mengue, Théo Navarro-Mussy*, Fany Otalora, Pier-Niccolò Sassetti, Jérémy Torres, Agathe Vandame * en alternance

Musique originale Marc-Olivier Dupin

Assistants Julia Cash, Ambre Dubrulle et Jérémy Torres

Chorégraphie Jean-Marc Hoolbecq

Scénographie et accessoires Claire Belloc

Costumes Isabelle Pasquier

Lumières Stéphane Deschamps

Maquillage Audrey Millon

Chefs de chant Juliette Épin-Bourdet, Juliette Malfray et Pablo Ramos Monroy son Arthur Petit

Production Studio l ESCA / Nicolas Lovatin . Crédit photographies du spectacle Miliana Bidault. Coproduction Le Studio l ESCA et le Théâtre Montansier de Versailles

Le théâtre vous a manqué, vous y croyez encore au théâtre de la vie, alors nous vous donnons rendez-vous au spectacle Rabelais, conçu par Jean Louis Barrault il y a quelques décennies et revisité par Hervé Van der Meulen. Une belle occasion de donner un coup de pied aux vilaines frontières d’espace et de temps pour assister à la mise en orbite d’une réjouissante fresque théâtrale.

Rabelais était un ogre dans tous les sens du terme, édifiant en ouvroir du monde, ce cratère géant que constitue le nombril de l’homme.

Nombril, fer de lance orgastique, siège de toutes de les sensations communes à tous les hominiens.

Nous avons oublié de baver au sujet de cet instrument de foire, nous les civilisés, les honteux qui trouvons indigne que la tête de l’homme puisse être éclaboussée par ses propres excréments. Horrifique scatologie !

Rien ne différencie l’homme de l’animal, sinon la parole. Chez Rabelais, la parole sort des tripes, elle entend réconcilier l’homme de tête avec ses boyaux, ses viscères, ses entrailles, sa merde. Mais que de fleurs dans ce fumier ! Appelons-les :  Ironie, Poésie, Délire !

 C’est un pas de géant, avec Rabelais, l’homme pense aussi avec sa tête de chien.  S’il faut en croire le verbe de Rabelais, un homme ne réfléchit pas seulement avec sa tête mais avec tous ses organes, en premier lieu, la bouche, l’appareil digestif et le cul.

 Que cela vous en bouche un coin de faire venir Rabelais à notre époque pour purger, arroser de son verbe faramineux, insolent et explosif, nos maux d’estomac, nos relents, ballonnements, nos humeurs en somme, c’est normal ! Faut-il être ou se croire malade pour s’assurer les leçons de ce grand médecin ?

 L’œuvre de Rabelais vise une des plus graves maladies de l’homme, la mélancolie. Il y faut un remède de cheval et pour ce faire libérer l’ogre qui est en soi qui ne festoie que pour rendre grâce à ces merveilleux organes que sont la bouche, le ventre, le sexe, qui forment orchestre pour nourrir et euphoriser l’esprit.

 C’est un monde parallèle totalement libertaire qu’imagine Rabelais. Gargantua et Pantagruel sont des géants au propre et au figuré, ils ont des manières et des pensées de géants à mi-chemin entre le Moyen Age et la Renaissance. L’œuvre de Rabelais constitue un incroyable témoignage des débats philosophiques de cette époque en réaction à la ceinture du pouvoir religieux inquisiteur. Rabelais dénonce la torture, la cruauté des guerres, la toute-puissance de l’argent. Sous couvert de la parodie, il s’agit d’un véritable manifeste contre les mœurs de son temps.

 Jean-Louis Barrault qui créa la pièce RABELAIS en Décembre 1968, intitulée « Jeu dramatique en deux parties, tiré des cinq livres de François Rabelais » dans une ancienne salle de catch, l’Elysée Montmartre, avec une musique de Michel Polnareff, une trentaine de comédiens, dit de l’auteur « C’est l’Enfance empoignant la vie à pleins bras ».

 Il fallait avoir de l’estomac pour remettre en scène cette pièce qui durait quatre heures à l’origine et environ deux dans la représentation actuelle. Sans aucun doute le metteur en scène Hervé Van der Meulen et sa troupe de comédiens baignent totalement dans la langue juteuse de Rabelais qui agit comme une véritable potion magique.

 Quelle meilleure drogue que la langue de Rabelais, elle peut être parlée, dansée, chantée en cœur, elle circule à bout portant, grâce à l’orchestration particulièrement maîtrisée et inspirée de Hervé Van der Meulen.

 En un mot cette mise en scène est formidable ! On y entend battre le cœur des jeunes d’aujourd’hui galvanisés par cet ancêtre visionnaire, génial et tellement drôle.  

Impossible de sortir indemne d’un tel spectacle, tous les sens en sont ébaudis !

Eze, le 24 mai 2021

Evelyne Trân

N.B : Article précédemment publié le 9 mai sur Le Monde Libertaire.fr en ligne

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