avec
John Arnold Mark, Karl, Mathias
Aurélia Arto Laoura, Linda
Camille Bernon Marta, Rosa
Bruno Blairet Gustav, Gabriel
Thibault Lacroix Max
Marion Malenfant Magda
Matthieu Marie Lawrence, Rudolph
Mélanie Menu Lora
scénographie Erwan Creff
lumières Elsa Revol assistée de Sébastien Marc
costumes Hanna Sjödin
assistée de Camille Lamy
musiques et sons Stéphanie Gibert
maquillages Pauline Bry
collaboration artistique Margaux Eskenazi
régie générale Farid Laroussi
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Ils sortent de leur tiroir avec la patine de leurs souvenirs de beuveries et courent vers la scène qui fera tourner le disque de leurs lamentations troussées par leurs fanfaronnades, leurs mensonges avec probablement pour illusion suprême, cette croyance que la vérité peut sortir de leurs gueules de bois.
Ce sont des personnages imaginés par Viripaev, ni plus ni moins, des pantins, des monstres, réfractaires à l’analyse, des bouts de bois balancés dans l’arène, peinturlurés qui ne peuvent apparaître qu’au théâtre, toute ressemblance avec des personnes réelles étant à exclure.
Sur le tapis de leur damier, ils semblent condamnés à jouer, rejouer ou surjouer des scènes d’ivrognerie, pour la défonce, et leur créateur donne l’impression parfois de les imaginer coincés au fond du tiroir qu’il pousse et tire violemment.
La mise en scène de Clément POIREE, s’attache aux aspects fictionnels, frictionnels des personnages qui ne doivent leur hauteur, leur aplomb que de cette poussière d’illusion permettant de les montrer du doigt, les accuser de manquer de sang, alors que le leur est épaissi par des couches et des couches de pensées sèches ou gluantes comme des peaux de bananes.
Cette frontière entre le vrai et l’impossible renvoie au geste et à l’œil impuissant du spectateur qui aurait la naïveté de pouvoir l’atteindre. Elle est et sera toujours insaisissable.
Mais où se trouve donc la vérité semblent hurler ces pantins. Ne serait-elle pas noyée dans la rivière, ne ferait-elle pas un bruit dans nos estomacs, dans le dépotoir de nos idées reçues et recyclées.
Prenez-nous pour ce que nous sommes, des gusses qui jouent des enivrés qui ont versé dans leur vin le seigneur Dieu, l’amour, le sexe, à chacun ses obsessions après tout ! Nous utilisons le fard de la vérité ivrognesse parce que c’est la condition sine qua non, d’apparaitre au-delà de toute vérité assignée, iriez-vous attenter à notre pudeur de personnages !
Tant pis pour les non-sens, les barbarismes, nous simples spectateurs qui n’avons guère l’occasion d’hurler nos vérités dans la rue, reconnaissons que ces pitres servis par d’excellents comédiens possèdent bien l’art de l’oraison « ivrognesque ».
Oppressant et fabuleux à la fois, le spectacle nous remet la tête à l’envers, avec un zeste d’enfance qui nous donne envie de faire parler nos pantins !
Paris, le 15 Septembre 2018
Mis à jour le 17 Novembre 2019
Evelyne Trân