UN PICASSO de Jeffrey Hatcher – Adaptation de Véronique Kientzy – Mise en scène de Anne Bouvier au STUDIO HEBERTOT – 78 Bis Bd des Batignolles 75017 PARIS – A partir du 22 Novembre 2018 – Jeudi à 21 Heures- Vendredi et Samedi à 19 Heures et Dimanche à 17 Heures –

Avec Jean-Pierre Bouvier et Sylvia Roux

Un PICASSO la pièce de Jeffrey HATCHER tire sa source de faits historiques révélateurs de la pression insoutenable qu’exercèrent les autorités nazies à l’encontre des artistes coupables de véhiculer un art dégénéré.

 Une exposition « Art dégénéré » eut lieu à Munich en 1937. Elle avait pour objet de mettre à l’index les artistes considérés comme déviants et contraires à l’art classique et aryen, tels que Marc Chagall, Wassily Kandinsky, Pablo Picasso, Matisse et Monet …

Dans ces conditions, pendant l’occupation dans les années quarante, Picasso retranché dans son atelier des Grands Augustins n’avait pas d’autre choix que de se tenir tranquille, risquant à tout moment suivant le bon vouloir des nazis, l’arrestation.

Picasso reçut sans doute plusieurs fois les visites d’officiers allemands mais cela n’empêcha pas l’artiste de continuer à peindre alors même qu’il ne pouvait plus exposer ses œuvres.

Jeffrey HATCHER imagine l’une de ces rencontres entre Picasso et une jeune femme nazie, Mademoiselle FISCHER. Cette dernière met en demeure l’artiste d’authentifier trois autos portraits destinés à un autodafé.

Un véritable combat de fauves s’instaure. La jeune femme incarne toute l’ambivalence des autorités culturelles nazies. Mademoiselle FISCHER contrainte d’obéir aux ordres d’Hitler admire en secret l’œuvre de Picasso. Du coup, la rencontre prend la forme d’un psychodrame.

Picasso reconnait ses œuvres. Elles ressuscitent chez lui tant de souvenirs intimes. Nous ne les dévoilerons pas car il faut voir la pièce. C’est juste fascinant d’éprouver qu’une peinture n’est pas seulement un objet mais possède une âme.

 Pour sauver ses toiles, le personnage Picasso s’ingénie alors à les déclarer fausses évidemment sans convaincre Mademoiselle FISCHER.

Picasso et Mademoiselle Fischer ont en point commun la même passion pour l’art, l’un en tant que créateur, l’autre en tant qu’admiratrice. Mais cette réalité d’ordre intime est victime de la censure démoniaque du régime nazi.

Picasso se comporte en animal rusé qui fait mine de lâcher prise alors même qu’il est train de flairer les failles de son adversaire qui ne réussit pas à masquer son intérêt pour ses œuvres.

Picasso, dans cette fiction, prétend qu’il n’est pas un artiste engagé. Une déclaration à mettre en doute qui soulève le débat sur l’engagement des artistes très souvent les premières victimes des dictatures politiques.

Jean-Pierre BOUVIER interprète un Picasso très combatif, mettant en relief sa part d’humanité au-delà de sa stature de célébrité.

 Quant à Sylvia ROUX, elle fait fondre cette glace qui emmure son personnage, de façon vraiment bouleversante.

La mise en scène sobre et suggestive d’Anne BOUVIER est très concentrée sur les comédiens. Nous n’avons d’yeux que pour ces âmes indomptables qui font rougir les barreaux de leur cage, grâce à l’étincelle de leur passion commune.

 Il faut découvrir cette braise ardente qui illumine ce spectacle ! Il s’agit d’un superbe hommage à la création !

 Paris, le 9 Décembre 2018

 Evelyne Trân

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