VALJEAN – Adaptation des Misérables de Victor Hugo – Au THEATRE DE L’ESSAION -6, rue Pierre au lard (à l’angle du 24 rue du Renard) 75004 Paris – Du 23 août 2018 au 19 janvier 2019 Les jeudi vendredi et samedi à 19h30 – Les représentations du vendredi sont en anglais à partir du 31 août 2018 –

 

  • Auteur : Christophe Delessart

  • Mise en scène : Elsa Saladin

  • Avec : Christophe Delessart

  • Site de la compagnie : https://www.valjean.eu/

 

Valjean filage Essaïon photo Laetitia Piccaretta

Dans les années soixante, au siècle dernier, les Editions Rouge et Or publiaient pour les enfants une adaptation d’un épisode des Misérables de Victor Hugo, celui de la rencontre de Jean Valjean avec Cosette. Une image s’est cristallisée dans ma mémoire, celle de la main de Jean Valjean soulevant le seau d’eau trop lourd que la petite Cosette trimballait en titubant sur un chemin de solitude.

 L’apprentissage de la lecture qui réclamait quelques efforts allait de pair avec le sentiment de compassion éprouvé pour la petite Cosette. Je ne cessais d’aller de l’image aux mots, éblouie d’être transportée dans une histoire par la magie de quelques mots.

 Cette main c’était déjà tout le personnage de Jean Valjean. C’était son visage, toute l’aura de son destin, son chemin.

 Beaucoup plus tard à l’adolescence, lorsqu’un professeur demanda aux élèves d’écrire une préface pour un livre, je choisis évidemment Les Misérables. Ce fut un échec, le professeur me rendit la copie, critiquant le choix trop ambitieux pour une élève de 4ème et qualifiant la prose pourtant très laborieuse d’artificielle.

 Mais comment regretter cette tentative infructueuse ni même l’émotion que déclencha le jugement lapidaire du prof.

 Eprouver un sentiment d’injustice, celui-là même qu’a enduré Jan Valjean, allons donc !

 N’est-il point tragique ce sentiment d’être mal compris, mal interprété. Il y a des accents de sincérité qui peuvent résonner de façon artificielle, à cause de leur trop plein sans doute comme le seau d’eau de Valjean et Cosette.

 Partir de soi, c’est ce qu’a entrepris Christophe DELESSART pour donner la parole sur scène à Valjean. Il n’était pas évident d’accoucher de ce personnage trop souvent incarné par des vedettes telles que Jean Gabin ou Gérard Depardieu.

 Valjean est un anti-héros, un taiseux, il est entier en quelque sorte comme un arbre solitaire qui affronte, seul, les avanies climatiques de la société, qui n’a pas besoin de compliments, qui trace sa route puisqu’il n’a rien à perdre. Aider de plus faibles que lui, voilà qui redonne un sens à sa vie !

 Victor Hugo a mis certainement beaucoup de lui-même dans ce personnage qui exprime des sentiments universels tels que la honte, l’humiliation, l’injustice, la jalousie, la haine ou l’amour.

 Mais l’un des sentiments qui caractérise le plus Valjean, c’est sans doute l’humilité. La sonorité liquide du mot s’accorde à son origine étymologique « du mot latin humilitas dérivé de humus, signifiant « terre ».

 Nous ne serions faits que d’eau, de terre, de feu qui animent nos pensées, nos apparences, selon les poètes.

 Valjean est un homme simple qui ne parle que lorsque son cœur déborde, lui qui ne peut revendiquer le rôle de père, lui qui n’a pas de femme, qui ne représente Rien pour la Société mais qui possède un trésor, son amour pour Cosette, une enfant trouvée.

 Le portrait que nous en donne Christophe DELESSART, finement mis en scène par Elsa SALADIN, est tout simplement bouleversant !

 Paris, le 25 Août 2018         Evelyne Trân

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