
Caen.
03 07 2017
©Tristan Jeanne-Valès
Photo Tristan Jeanne-Valès
Mise en scène/scénographie/lumières Pascal RAMBERT
Avec Véro DAHURON Guy DELAMOTTE
Régie lumière Fabrice FONTAL Régie générale / plateau Valentin PASQUET
Production Le Panta-théâtre / Coproduction structure production
L’idée est dangereuse, celle de vouloir revivre une émotion de jeunesse, une histoire d’amour révolue mais qui a pu marquer au fer rouge toute une existence.
Jouer avec le feu, celui des émotions les plus intimes, c’est la proposition de Pascal RAMBERT à travers cette pièce Reconstitution, dédiée à ses deux interprètes Véro DAHURON et Guy DELAMOTTE.
L’amour parle toujours d’éternité, et ce faisant fait de la mort le point de rupture irrévocable.
Véronique et Guy ont vécu un coup de foudre. Ils se sont brûlés par amour. Mais la vie joue des tours, ils se sont séparés. Une trentaine d’années plus tard, Véronique invite Guy à rejouer l’événement de leur rencontre fusionnelle.
Véronique donne l’impression de labourer dans la chair de Guy lequel se laisse faire démuni face à la violence de Véronique, son désespoir, ses ressentiments.
L’espace de leurs retrouvailles est assez terrible. C’est un grand gymnase, un lieu extérieur, sans d’autres repères que des tables, des piles de cartons. Difficile de se raccrocher au vide, Véronique le sait qui a tout prévu, qui dirige les gestes de Guy, l’entraine vers elle, planifie leur distance.
La distance avec l’homme qu’elle a aimé, Véronique l’a intériorisée au point de pouvoir s’en servir comme d’un tapis roulant qui va la livrer tout entière à sa douleur.
Véronique voudrait faire l’histoire du corps de Guy, elle voudrait continuer à le posséder alors que ni lui ni elle ne se
possèdent eux-mêmes.
Reste juste cette potentialité de revivre un moment du passé, ce qui est absurde en soi mais génère déjà un peu de vie, fait appel à l’imagination.
C’est un texte de chair que nous livre Pascal RAMBERT à travers la révolte de Véronique.
Un texte qui fait mal qui est cru mais parce qu’il force cette chair de femme et d’homme à parler, nous émeut, nous bouleverse.
Comme Mallarmé, nous n’avons pas envie de dire « La chair est triste hélas et j’ai lu tous les livres ».
La chair ne ment jamais, elle qui fait écho à toutes nos émotions. Percutée par l’amour, elle irradie.
Paris, le 25 Mars 2018
Evelyne Trân