LE CHAT D’après l’œuvre de Georges SIMENON – Mise en scène de Didier LONG – Assisté de Julie MARBOEUF – Avec Myriam BOYER et Jean BENGUIGUI AU THEATRE DE L’ATELIER – 1 place Charles Dullin 75018 Paris – Du mardi au samedi à 21h00 Le dimanche à 15h00 –

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L’adaptation théâtrale du roman LE CHAT de SIMENON par Blandine STINTZY et Christian LYON nous amène à imaginer la fable qu’eût pu écrire LA FONTAINE à propos des deux personnages que tout oppose et qui se mettent en couple dans l’espoir de rompre leur solitude et de finir leurs vieux jours en toute sérénité. Parce qu’il s’y dégage une certaine ironie mettant à nu les pulsions et les désirs exacerbés de deux individus encagés dans leur huis clos .

Incarnés par Myriam BOYER et Jean BENGUIGUI, Marguerite, une petite bourgeoise étriquée, et Émile, un ouvrier retraité, ne donnent pas l’impression d’être des vieillards en décrépitude. Au contraire, ils sont encore pleins d’une vitalité enragée qui les poussent à défendre leur territoire toutes griffes dehors, l’une avec son perroquet, l’autre avec son chat.

La guerre qu’ils se mènent devient probablement un dérivatif à la perspective de la mort et de la solitude, d’autant plus prégnante qu’en face de leur logement, un bulldozer est en train détruire inexorablement les immeubles du quartier.

Du coup, tous les gestes tatillons des deux vieux, leurs tics, leurs souvenirs de jeunesse ressassés deviennent des clignotants humains aussi émouvants que ceux justement d’un chat ou d’un perroquet, des signes de vie…

Ces deux là ne se sont pas mariés par amour. C’est donc la frustration amoureuse qui sous-tend l’agressivité des deux protagonistes. Ils ont essayé de s’apprivoiser naïvement mais l’amour, ils ne savent plus ce que c’est sinon la tendresse qu’ils projettent sur leurs animaux respectifs.

La mise en scène de Didier LONG astucieuse et bien rythmée semble dérouler un album de l’histoire du vieux couple du début à la fin en privilégiant les flash-back d’Émile et Marguerite.

Myriam BOYER et Jean BENGUIGUI sont drôles et émouvants sans forcer chacun la psychologie de leurs personnages qui s’expriment simplement. Nous sommes loin des esprits torturés des héros de Beckett par exemple.

Nous pourrions nous croire en pleine guerre avec la vision de ces immeubles bombardés impitoyablement . En comparaison, la guerre que se mènent les deux bougres même s’ils se font mal, leur permet au moins de crier leur existence.

Si nous avons gardé en mémoire les visages bouleversants de Simone Signoret et de Jean Gabin, ici ce sont les voix des interprètes qui tapissent cette sombre histoire, des voix que l’on entendrait à travers les murs, fragmentées de silences, des voix aussi qui ne s’écoutent pas, happées par le vide. Nous avons beaucoup apprécié la simplicité sans effets de Jean BENGUIGUI dans ce rôle d’ouvrier plombier à la retraite et comme toujours nous avons été émus par la présence de Myriam BOYER à fleur de peau.

Paris, le 3 Octobre 2016                             Évelyne Trân

 

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