teaser ROSA LIBERTÉ – Cie du Désordre
Auteur : Filip Forgeau
Réalisateur/Metteur en Scène : Filip Forgeau
Interprète : Soizic Gourvil
Lumières : Michaël Vigier
Création sonore : Lionel Haug
Sous la pancarte d’une Rue Rosa LUXEMBURG, nous pouvons lire « militante marxiste et révolutionnaire allemande , 1870-1919 ». Après avoir assisté au drame poétique qu’a écrit Filip FORGEAU « Rosa liberté » nous ne pouvons nous empêcher de penser que cette femme fut également poète et que ce qu’elle défendit tout le long de sa vie, c’est son inaliénable ressenti de la personne humaine, le respect de la personne humaine.
Il suffit de lire quelques lettres que Rosa LUXEMBURG écrivit lors de ses séjours en prison, pour comprendre qu’elle était au fond d’elle même une écorchée vive, elle écrit : « C’est ainsi que de ma cellule, je suis liée par des fils invisibles à des milliers de créatures, grandes et petites, que je m’inquiète, que je souffre, que je me fais des reproches pour tout ce qui leur arrive… vous faites vous aussi partie de ces oiseaux et de ces êtres pour qui je m’émeus à distance ».
Issue d’une famille de commerçants juifs, elle naît en Pologne sous la domination russe. Dès l’adolescence, elle s’engage comme militante au sein du Prolétariat, un parti révolutionnaire et doit s’enfuir en Suisse où elle entreprend des études d’économie politique. Puis elle s’installe en Allemagne et milite au sein du Parti social démocrate à la 2ème internationale . Pendant la révolution russe en 1905, elle défendit contrairement à Lénine, l’idée que la grève de masse était le principal moyen d’action révolutionnaire. Elle fonda en 1916 avec Karl LIEBKNECHT la ligue des spartakistes, un mouvement révolutionnaire et antimilitariste. Elle est assassinée par des soldats nationalistes le 15 Janvier 1919.
Rosa LUXEMBURG ne fut pas seulement une théoricienne, elle combattit physiquement, se mettant sans cesse en danger, tout en restant lucide. Elle qui se qualifiait de « Petite, boiteuse, juive » disposait de deux armes, sa capacité d’analyse politique et son courage physique.
Véritablement du côté des humiliés, des offensés, elle fait partie de ces personnes rebelles et pourtant humbles qui représentent un danger pour les pouvoirs en place, parce qu’elles n’ont peur de rien, ayant tout à gagner.
Rosa LUXEMBURG n’était qu’un petit bout de femme, qui prit conscience à partir de ses épreuves personnelles, qu’elle pouvait mettre au service de son idéal humaniste, son intelligence, corps et esprit confondus.
C’est douloureux, bouleversant de l’éprouver à ce point à travers le poème de Filip FORGEAU. Cette chair à vif, la comédienne Soizic GOURVIL l’exprime avec une intensité rare.
Il est salutaire de prendre conscience que Rosa LUXEMBURG n’a pas dit son dernier mot. Il y a tous ces anonymes, tous ces gens qui doivent lutter pour défendre leurs droits qui lui font écho. Leurs combats ne sont pas pathétiques, ils sont force de vie. Non, Rosa LUXEMBURG qui fut assassinée de façon sordide, ne se présente pas comme une martyre. Elle savait qu’elle mourrait dans la rue. Elle s’est seulement représenté tout le long de sa vie, qu’elle ne devait pas se laisser impressionner par l’ignorance, la barbarie, parce que cette barbarie est sans esprit, elle n’a pas connaissance de la personne humaine. Et ce sens, Rosa LUXEMBURG l’avait, elle était née avec, il fallait qu’elle le communique.
Cette rencontre avec Rosa LUXEMBURG, dans la petite salle de l’Épée de bois, nous laisse bouche bée. Nous saluons la performance de Soizic GOURVIL qui traverse le long fleuve poème de Filip FORGEAU avec une grâce indicible. Nous saluons Rosa LUXEMBURG !
Paris, le 12 Mars 2016
Mise à jour le 19 Septembre 2016 Évelyne Trân