JOHNNY MANGANO AND HIS ASTONISCHING DOGS de Michel TREMBLAY – Adaptation de Marie-Line LAPLANTE au Théâtre du Lucernaire 53 rue Notre Dme des Chamsp 75006 PARIS du 9 Juillet au 13 Septembre 2014 (relâche le 6 Septembre) du mardi au samedi à 19 H.

JOHNNY MANGANO

Catherine Le Goff, Carlotta

Christine Moreau, Le Coconut Inn
Frédéric Tellier, Johnny
Mise en scène Harry Holtzman
Adaptation Marie-Line Laplante
Dramaturgie Frédéric Tellier
Musique Christine « Zef » Moreau
Scénographie et construction Yvett Rotscheid
Costumes et maquillage Jean-François Castaing, Lumières Sylvain Séchet, Régie Vincent Lewandowski, Administration Joséphine Zaméo

 Le titre de la pièce résonne comme une enseigne lumineuse, tapageuse des Grands Boulevards, elle crépite. Allons-nous être brouillés par tous ses phares ? Comme n’importe quel petit insecte, nous somme attirés par la lumière, semble nous dire Michel Tremblay qui pose sa loupe sur une des espèces qui l’arborent avec une belle inconscience, les artistes.

 Non les artistes ne peuvent pas se permettre de pousser sur scène la plainte de Mallarmé « La chair est triste hélas et j’ai lu tous les livres ». Convoquer la chair, nous y voilà ! Celle d’un couple qui se déchire dans les coulisses en fronçant à l’extrême la peau de chagrin de leurs espoirs et leurs rêves déçus pour finir par tout oublier sur scène.

 Le dresseur de chiens Johnny MANGANO poursuit un rêve d’enfant, il se fait plaisir et cela seul compte. Que sa partenaire se sente défavorisée au profit d’une chienne, la vedette du spectacle, il ne peut l’entendre. Les coups de semonce de la réalité, cruelle, peuvent bien détruire un rêve, ils ne l’effacent pas.

 Pas de spectacle, pas  de Johnny MANGANO. La détresse du dresseur de chiens finit par désarmer sa partenaire et compagne Carlotta qui menace de le quitter.

 La scène de ménage est classique mais ses intonations interpellent notre tissu affectif non sans rappeler quelques fluorescences tragiques de Fellini et comiques de Marcel Carné avec son couple mythique Arletty et Louis Jouvet dans Hôtel du Nord.

 Frédéric TELLIER compose avec talent un Johnny MANGANO machiste, insolent et tout à coup poignant. Catherine LE GOFF insuffle une belle énergie à son personnage, vindicatif et somme toute tendre. Christine »ZEF » MOREAU crée l’ambiance avec ses jolies mélopées canines.

 Le dispositif scénique s’ouvre sur une loge juste derrière la scène d’un music-hall en pleine représentation. Accaparés par leur scène de ménage, les protagonistes ne peuvent néanmoins découdre de leur élément, le spectacle.

 Que l’on s’identifie ou pas à ces artistes, il y a du plaisir à se retrouver dans leur histoire d’amour et de haine. Un quignon d’existence, à fleur de peau, simple ou banal que l’auteur, Michel TREMBLAY et ses interprètes mouillent à la sueur de nos espoirs.

Une belle récréation vivante et très émouvante, servie par une mise en scène bien rythmée de Harry HOLTZMAN  où l’on entend battre le cœur des artistes  et le nôtre à l’unisson.

 Paris, le 12 Juillet 2014       Evelyne Trân

 

 

 

 

Laisser un commentaire