Création costumes : Mina Ly
Au ralenti, le terme conjugaison, âpre comme les premières apparitions de bourgeons, au regard des ponts entre les villages, au-dessus des toits, seules de jeunes personnes peuvent pénétrer à l’intérieur de la forêt sans porter atteinte à son esprit.
Du moins c’est ce que l’on ressent à travers la mise en scène et adaptation de Stéphanie LOIK de la dernière œuvre du grand écrivain norvégien TARJEI VESAAS, « LES PONTS ».
Seuls des adolescents peuvent mimer les soulèvements des branches et reprendre sans le savoir leurs mouvements qui les entrainent au cœur de leur intimité.
Il y a tous ces silences tendus comme des pièges qui soupirent, des pensées qui jaillissent des frottements de leurs corps, et une sorte de douleur active immanente à chaque individu, qui soudain se réveille parce que TORVIL et AUDE, découvrent dans la forêt un nouveau-né mort. Cette découverte les amènera à rencontrer la jeune mère célibataire VALBORG.
A l’intérieur de la forêt, les paroles ne peuvent pas s’ébruiter à la légère, parce qu’elles sont réfléchies par tous les hôtes invisibles et silencieux interprétés par deux circassiens, Bastien DAUSSE, acrobate, Mariotte PAROT danseuse au cerceau.
Et soudain les paroles deviennent aussi fluides, tactiles, fortes, transperçantes que l’air que l’on imagine humide à travers le brouillard. Parfois, il semble qu’elles demandent la permission de passer aussi bien aux arbres qu’à leurs destinataires. Mais elles ne sont jamais tièdes, elles témoignent de l’intégrité de chacun des adolescents face à leurs doutes, leurs émotions, leurs craintes.
Pour cette évocation à fleur de peau de l’éveil à l’âge adulte, Stéphanie LOIK a réuni sur le plateau, trois jeunes comédiens à la sensibilité vibrante, Marie FILIPPI, Maxime GUYON, Nadja BOURGEOIS, et deux apprentis circassiens de l’Académie FRATELLINI, dont les figures très expressives s’associent merveilleusement aux danses des lumières presque musicales qui font le tour de chaque interprète comme une course du soleil.
Stéphanie LOIK dispose d’une belle palette de peintre capable de faire surgir ce qu’il y a d’ensorcelant dans l’écriture penchée de TARJEI VESESAS. Au sein de la forêt, il y a des jeunes gens qui parlent …en chœur avec Rimbaud : « L’aube et l’enfant tombèrent au bas du bois. Au réveil, il était midi ».
Paris, le 9 Mars 2014 Evelyne Trân

Le spectacle aura également lieu à ANIS GRAS le lieu de l’autre, à Arcueil (RER B Laplace), du 10 au 12 avril.
Informations et réservations au 01 49 12 03 29 / rp@lelieudelautre.fr
http://www.lelieudelautre.com
J’aimeJ’aime