FESTEN de Thomas VINTERBERG – Mise en scène de Laura BOLGHERI et Cécile CHARBIT au THEATRE DE VERRE – 17 Rue de la Chapelle 75018 PARIS, les 5,6,7 et 8 Décembre 2013 à 20 H 15.

FESTEN BISSur le thème des lourds secrets familiaux, la loi du silence qui nous renvoient au mythe d’ŒDIPE, les spectateurs tels des témoins passifs mais concernés qu’ils le veuillent ou pas comme les jurés d’un procès, assistent lors d’une fête d’anniversaire  au règlement de comptes d’enfants avec leur père qui a abusé sexuellement de deux membres de la fratrie.

 Les spectateurs se trouvent dans la position de la plupart des invités qui reçoivent de plein choc, la révélation de l’infamie du père lors du discours du fils aîné dont l’attitude distinguée, polie, contraste évidemment avec ses propos.

 Tout le long de cette pièce terrible adaptée du film éponyme de     Thomas VINTERBERG et Mogens RUKOV, tous les participants de la fête, le père y compris, vont progressivement être amenés à affronter l’ignominie perpétrée par celui qui représentait l’ordre, et la respectabilité de la famille, le patriarche. Les crimes du père éclaboussent toute la famille, victimes ou témoins passifs. Il faudra la violence du fils cadet, alcoolique et hystérique pour mettre un terme à cette lâcheté : effacer le crime, ne pas en parler sous le vernis des convenances. Il faudra en quelque sorte tuer le père et continuer la fête sans lui.

 Car la tentation de ne rien dire, la tentation du déni, cela nous renvoie aux crimes de l’humanité,  au silence de ceux qui ont laissé faire. Du coup l’on comprend que le silence est lui aussi criminel. Dans la pièce, il est symbolisé par la morte, la sœur jumelle de Christian, qui s’est suicidée et  dont le souvenir rôde autour des vivants et interpelle leur conscience.

 A maints égards, il s’agit d’une pièce politique dans la mesure où c’est la fonction, la réalité de la famille, le premier corps social, qui obligent chacun de ses membres à prendre position, alors même qu’ils ne se référaient  qu’au chef et avaient abandonné toute initiative, confortés qu’ils étaient par leurs croyances en un père omniscient, intouchable, écrasant.

 C’est cette raison politique qui sous-tend le drame familial, qui devient omniprésente, essentielle au sens même que l’entendait le père. Les spectateurs vivent un suspense psycho-politique, inimaginable car la situation est proprement impossible : comment un père peut-il avouer au petit déjeuner, face aux invités d’une fête d’anniversaire, les crimes odieux qu’il a commis ?

 La dimension psychologique se focalise sur la victime, le frère aîné, la mère complice, la sœur insouciante, le benjamin défoncé, mais la figure du père reste extérieure comme si ce dernier n’avait pas d’âme, qu’il était un monstre impossible à sonder.

 Certains aspects caricaturaux de la pièce sont visibles dans la mise en scène de Laure BOLGHERI et Cécile CHARBIT qui mettent l’accent sur le côté grotesque de la réunion familiale, mais qui manœuvrent leur torche de façon suffisamment habile pour laisser l’œil du spectateur flairer tous les affects qui agitent les personnages en extérieur ou en intérieur, comme dans un tableau soumis à différentes lumières, en perpétuel mouvement, en perpétuelle tension.

 Les jointures  entre les scènes intimistes et les scènes extérieures ne sont pas toujours  évidentes car les intervalles sont parfois soit trop rapides, soit trop lents. Mais dans l’ensemble, le rythme respecte la respiration du spectateur qui n’ a pas le temps de tergiverser et se laisse surprendre.

 Jean Tomas WARD qui joue MICHAËL, le fils cadet, insupportable, dégage une belle énergie. Erik CHANTRY en HELGE, le père, est arrogant sans tomber dans la caricature,  Olivier KUHN est un Christian sensible, très émouvant. Les autres comédiens sont quelque peu desservis par leurs rôles peu fouillés psychologiquement mais certains arrivent à composer avec le grotesque avec brio, notamment Sarah MATHURIN et Fabrice-Emmanuel ROUX.

 

FESTEN BISLe tableau familial en dépit de son cadre, le lourd secret de famille qui va tomber, reste très coloré et vivant. C’est un spectacle festif dans tous les sens du terme qui vaut vraiment le détour. Mis en scène par de jeunes metteures en scène pleines de promesses, il captive de bout en bout le spectateur. Il n’arrache pas les larmes mais interpelle néanmoins notre intimité, voyez-vous, ça parle de famille, de représentations lors de dîners familiaux, ça nous parle, n’importe quel rôle que nous ayons à tenir.

 Paris, le 7 Décembre 2013         Evelyne Trân

 

2 commentaires sur “FESTEN de Thomas VINTERBERG – Mise en scène de Laura BOLGHERI et Cécile CHARBIT au THEATRE DE VERRE – 17 Rue de la Chapelle 75018 PARIS, les 5,6,7 et 8 Décembre 2013 à 20 H 15.

  1. Voilà un article à la fois peu encourageant pour le formidable travail des metteurs en scène de ce spectacle, et complètement à côté de la plaque. Un joli blabla avec des concepts simples pour tenter d’aguicher le lecteur lambda avec des concepts simples et parfaitement inexacts voire même absurdes. On peut noter dans les belles conneries de cet article : le mythe d’Oedipe absolument ABSENT de cette pièce, mais vu que le père est écarté ça fait bien de le citer, ou encore le « suspense politico social » pour une pièce qui ne traite ni de la question du politique ni de la portée sociale mais d’un huit clos familial. On en vient à se demander si cette journaliste a vu la pièce, par exemple : le coté alcoolique du fils aîné très mis en avant dans le film de Vitenberg mais n’est absolument pas souligné dans cette mise en scène par rapport aux autres invités. Bref une analyse creuse, sans fondements, ni argument valable, de la mauvaise sophistique. Heureusement que quelques compliments vers la fin viennent souligner le beau travail des metteurs en scènes et des rôles principaux.

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    1. Il est évident que j’ai vu la pièce sinon je n’en parlerai pas. Dans OEDIPE ROI, il est question de politique, la politique commence dans la famille qui est le premier noyau social. Bien sûr qu’il y a un remarquable travail de la part des metteures en scène. Les réserves que j’ai faites concernent aussi la pièce : certains des caractères des personnages restent esquissés de façon assez superficielle. Cela tombe bien puisque que vous jugez mon article superficiel.
      Croyez bien que je souhaiterais me passer de faire du blabla…. Mais quoiqu’on dise, n’est ce pas, tout dépend du récepteur … Quand à mon analyse que vous jugez creuse, entendez que le sujet de la loi du silence me touche particulièrement parce qu’une personne proche de moi en a été victime. Dans mon article, j’exprime un point de vue; je comprends fort bien qu’il puisse ne pas être partagé, mais je n’écris pas n’importe quoi. Quand à développer mes arguments, eh oui, cela devrait me prendre du temps, à ma façon parce que je ne prétends pas avoir la science infuse, je suis spectatrice comme vous.

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