Ils étaient plus d’une vingtaine de polonais, hommes et femmes confondus à investir la scène du Théâtre de la Renaissance pour manifester en chœur sous la direction de Marta GORNICKA leur rage de vivre, leur détermination à lutter contre l’oppression que représente le système libéral quand les travailleurs n’ont pas d’autre choix soit de se plier à des conditions de travail épuisantes, soit d’être au chômage.
Un chœur au sens noble, antique, pas un troupeau, une véritable boule de feu qui au fur et à mesure que la parole s’engrange, fuse, traverse les artères, rejoint les muscles, rejaillit sur les visages, prend conscience de sa force spirituelle, au sens étymologique du terme, celui de souffle.
Que disent-ils, que crient-ils ? N’est ce pas ce genre de pensées qui traversent l’esprit quand on est à bout, à bout de fatigue, à bout de nerfs ou quand il faut aller au bout de soi même parce qu’ il y a cette épée de Damoclès de la misère, du chômage.
Mais quand toutes ces pensées enterrées, tous ces soupirs, jaillissent d’un seul jet, oui, c’est une explosion fantastique, bouleversante qui donne leur ampleur à des mots aussi simples que boire, manger, silence.
La présence de ce chœur sur scène est si impressionnante que je crois pouvoir m’en souvenir toujours. L’expression a un côté brutal, les gestes sont saccadés, ce ne sont pas des voix de rossignols mais des voix qui sortent du ventre, des tripes, qui scrutent l’horizon avec fierté, des voix qui retentissent au-dedans au dehors, à pieds nus, à mains nues pour former un chant d’espoir , de reconnaissance.
Les choristes s‘emparent de leur partition : un mélange de poèmes de Broniewski, de chansons socialistes, de proverbes philosophiques, avec une telle passion, un tel enthousiasme, que leurs voix guidées par la rayonnante Marta GORNICKA, sont de celles qui poursuivent leur chemin dans les têtes, qui donnent du peps au cœur, c’est bon pour le moral !
Paris, le 30 Octobre 2013 Evelyne Trân