Au cours d’un entretien qui a duré près de deux heures, nous avons parlé de son parcours, de ses sculptures, aujourd’hui toutes inspirées des hexagrammes du Yi-King, de son maître, le sculpteur COUTELLE et aussi des cours qu’il donne dans son atelier. Nous aurions encore pu parler des heures car Julien SIGNOLET est intarissable sur le Yi-King, de plain chant avec son matériau de sculpture, le bois. Je crois avoir été convertie sans le vouloir à la philosphie du Yi-King.
T’es tu dis un jour je serai sculpteur ?
A non pas du tout. C’est un concours de circonstances. Toutes les étapes se sont déroulées malgré moi. Je suis passé d’abord par le dessin, ensuite par le modelage, ensuite il y a eu ma rencontre avec ce maître, Coutelle.
Mais tu avais une démarche artistique ?
Oui et non . Pour moi la création ne s’arrête pas à l’art. La vie est une création. Quand on a un esprit créatif, on peut être créatif partout. Le mode de création d’une œuvre cristallise davantage. Mais d’une façon générale on peut être créatif. Avant j’avais une autre existence où j’étais chef d’entreprise
Je pensais que tu étais devenu artiste très jeune
J’ai eu une autre vie avant celle-ci. Je devais répondre aux exigences de mes parents. Alors j’ai créé ma propre boite, à vingt ans
Tu n’as pas envie d’être subordonné. Les artistes ne supportent pas la tutelle. Sauf pour la bonne cause …
Je n’ai jamais été l’employé et le salarié de qui que que ce soit. Pour beaucoup de gens c’est la sécurité qui prime mais pour moi ce serait une véritable prison. Si un jour, j’étais dans une fonction rémunérée, avec un itinéraire tout tracé, des taches répétitives, cela me serait insupportable, pire que la prison.
Pourtant ça n’est pas évident quand on a une famille, des enfants, financièrement…
C’est là que c’est encore plus marrant. J’ai monté ma société à 20 ans, j’ai fait du commerce international qui a très bien marché. C’est avant 30 ans, à la naissance de ma fille, que je me suis dit que je devais arrêter, que j’étais en train de perdre mon temps. Le commerce m’a amusé un temps, j’ai gagné de l’argent mais ce n’était plus moi.
J’ai entamé ce parcours pour répondre à la volonté de mes parents. Après j’avais l’impression de répondre à ce que la société attend d’une personne et la société attend d’une personne qu’elle génère de l’argent, qu’elle aille gentiment consommer. Je me suis dit que je ne pouvais pas continuer comme ça sinon « le petit être qui arrive, je vais lui transmettre ce qu’on m’a transmis », je voulais transmettre à ma fille autre chose que : faire des études, gagner de l’argent, trouver un poste.
J’ai vendu ma société et j’ai repris des études. J’ai passé 5 années à côté de Coutelle.
Il vit toujours
Il est mort en Janvier de cette année.
J’imagine qu’il est assez connu
Oui, c’est une grande figure de Paris Est, de Ménilmontant, c’est un des fondateurs de la Maison des Artistes, c’est lui qui a créé le syndicat des sculpteurs. C’était l’ami d’Asturias. C’était un sculpteur, mais aussi un poète, un grand philosophe, un humaniste génial
Tu as l’impression d’être un disciple
Il ne voulait surtout pas qu’on dise ça, mais pour moi dans mon cœur, dans mon rapport avec lui, c’est clair, ça a été le maître, le père spirituel, l’artiste qui m’a tout appris dans la lignée où je me trouve.
Quand tu es arrivé chez lui, tu étais humble comme un enfant
Exactement, j’avais une pratique artistique dans le modelage et le dessin mais je n’avais jamais taillé et là aussi c’est un concours de circonstances
Quand j’ai vendu la société. Je ne savais pas ce que j’allais faire
Tu avais un peu d’argent de côté
Je savais que je pouvais arrêter de travailler sans mettre la famille en risque. J’ai commencé à me remettre à dessiner, à modeler. Quand je me suis jeté dans l’inconnu : je quitte le monde des affaires et je ne sais pas où je vais – cela a généré une certaine forme d’angoisse, d’incertitude, de doutes, de questionnements. Mais en me remettant dans la création, sans autre but que de créer, je me sentais aller mieux de jour en jour. Ma création soutenait ma propre dynamique dans l’inconnu. Et c’est à partir de ce moment que j’ai commencé à m’intéresser à l’art thérapie, puisque j’étais en train de le vivre, de l’éprouver pour moi.
A partir du moment où j’ai fait de l’espace, il y a eu un assaillement de ce qui était une évidence. C’est comme un grosse vague qui m’est arrivée en pleine figure
C’est plutôt la sculpture qui est venue à moi que moi qui suis venu à la sculpture. Il n’y a pas eu de décision en disant : je serai. Je suis devenu par un flux super naturel .Si je fais ce parallèle c’est qu’avant dans le monde des affaires, j’étais très volontaire. Une fois que j’ai lâché cette attitude, les choses me sont arrivées et ce sont des choses justes qui me sont arrivées, pas un effet de mon égo, de ma volonté. La vie s’est organisée de façon à m’emmener là où je devais aller.
L’exemple le plus frappant, je me suis inscrit en art thérapie et j’ai été pris. Je me suis mis au modelage de façon intensive en me disant que je ferai faire de la terre aux gens dont je m’occuperai.Un de mes grands amis, qui est inventeur mais qui était sculpteur à la base, a remarqué mes modelages et m’a proposé de rencontrer Coutelle.
Dès la première rencontre, ça été le coup de foudre. Je suis d’abord tombé amoureux du personnage, de son atelier, de l’amosphère générale. On a discuté une heure et demie sans parler de sculptures. et à la fin de la conversation, il me demande « Bon, vous avez quelque chose à me montrer. »
Je suis revenu quelques jours après avec des travaux. Et là il m’a regardé : « Vous voulez commencer quand ? » J’ai passé 5 ans à ses côtés ; c’est très nourrissant .Et c’est de fil en aiguille, en côtoyant d’autres artistes en art thérapie qui m’ont proposé d’exposer avec eux que j’ai exposé mes premières oeuvres. C’étaient des terres à l’époque que j’ai pratiquement toutes vendues.
Au départ, je n’avais pas d’atelier, je travaillais chez Coutelle. Il m’a fait basculer dans son ancien atelier. Et pendant deux ans, j’avais l’ancien atelier de Coutelle. C’était génial.Un jour le bail de Coutelle a expiré.
Pendant six mois, je me suis réveillé en me disant « je dois trouver un atelier ». Et puis je l’ai trouvé ou plutôt il est venu à moi.
Parlons du Yi King. Tu l’as découvert avec Coutelle où par un autre chemin ?
Un autre chemin. Avec Coutelle, j’ai fait beaucoup de figuration. Mais une figuration qui s’inspire beaucoup de l’art moderne, plus proche d’Henry Moore, Brancusi que de Michel Ange. Mais il avait une grande thématique sur les oiseaux, le corps humain, le couple .
Coutelle était vraiment quelqu’un qui nous laissait beaucoup de liberté. Il pouvait avoir son avis sur tout mais il vous accompagnait vraiment dans le processus créatif. Quand j’ai senti que j’avais fait le tour de la figuration, j’ai eu envie de m’essayer à l’abstraction. Contrairement à ce que l’on peut penser, l’abstraction c’est beaucoup plus difficile. Dans la figuration, il y a une base sur laquelle on peut se reposer qui est la réalité. L’abstraction, c’est beaucoup plus délicat de trouver des harmonies qui n’existent pas ailleurs que dans l’imaginaire. Je ne voulais pas que ce soient des formes d’élans de mon humeur, je voulais que cela s’appuie sur une démarche de la raison philosophique si on peut dire. En fait le Yi-King, je l’étudie depuis l’âge de 14 ans.
Le Yi-King ca vient d’un autre continent ?
Ca vient d’un autre continent mais d’une même humanité. Le Yi-King c’est à l’aube de l’humanité quand l’homme ne savait pas encore écrire et s’organiser en cité. C’est vraiment la racine de l’humanité, le Yi-King appartient à l’humanité. Evidemment c’est né en chine mais cela ne veut pas dire que c’est chinois. Aujourd’hui, la plupart des chinois ne connaissent pas le Yi- King et les asiatiques non plus. C’est tombé en désuétude. Par contre ce qui est intéressant c’est que le Yi-King va donner naissance à l’organisation des premières cités, le confucianisme, le taoisme, et par extension le bouddhisme qui est né en même temps. Mais c’est avant l’organisation de la religion, de la cité.
Il y a des diagrammes ?
C’est basé sur un truc extrêmement simple, le principe de dualité. Mais encore plus simple, à la base tu as le Tchi, l’énergie primordiale qui va donner naissance à toutes choses. On peut peut être le rapprocher aujourd’hui du bozon de X .C’est ce genre de démarche. Il s’agit d’un flux d’énergie qui va donner naissance à la matière. Ce flux d’énergie se polarise dans notre incarnation en yin et en yang. On peut le répercuter aujourd’hui sur ce que l’existence compte en nombre d’hommes, de femmes, de jours , de nuits, de bien , de mal.
C’est binaire
Oui et ce rapport binaire, on le retrouve aujourd’hui dans toute l’informatique.A partir de ce rapport binaire, par combinaison mathématique, il va y avoir des trigrammes au nombre de 8 et en combinant ces trigrammes, tu as 64 hexagrammes. Mais le yin n’est pas séparé du yang. En fait le yin se transforme en yang et vice versa en permanence. Chaque hexagramme peut se transformer en n’importe quel autre hexagramme.C’est pas un truc cloisonné. C’est vraiment une poétique de l’impermanence, une tentative de décryptage de la transformation, de mutation permanente des choses et des circonstances. C’est par l’observation de la nature que les premiers génies ou rois ont commencé à écrire sur le sujet et après Confucius pour l’organisation de la cité. Mais tout va tenir dans ce qui va donner après le taoisme, c’est-à-dire la posture de l’homme noble face à n’importe quelle situation. En fait les choses ne sont ni bien ni mal comme disait Spinoza, elles sont et c’est nous les personnes par notre aptitude à être flexibles et à accueillir les choses telles qu’elles viennent qui pouvons en faire des choses créatives.
Comme on dit, du mal peut sortir du bien et inversement
On peut le vivre concrétement. Dans n’importe quelle situation, il y a un enseignement, un travail sur soi à accomplir en essayant d’être le plus ouvert possible. Il faut toujours rester dans cet état d’esprit de mutation permanente des choses. C’est comme ça en fait que je suis passé à l’abstraction, je voulais avoir une base de réflexion philosophique .
J’ai essayé de faire un hexagramme
Exprimer l’idée de l’hexagramme ou son dessin ?
Un hexagramme, c’est six lignes, ça a une forme graphique. La première fois, j’ai taillé l’hexagramme, les six lignes . Je voulais tailler l’hexagamme de la révolution qui correspondait à ce que j’étais en train de vivre, un changement radical – un nouvel atelier, je venais de quitter Coutelle, une nouvelle technique – En commençant, je vois une lègère hanche de femme, une évocation du baiser de Brancusi. Pour que la hanche de cette femme se libère, il me fallait 2 traits yin en bas et pas un trait yang comme il y avait. Quà cela ne tienne , j’ouvre le trait yang pour en faire un trait yin et là je me retrouve avec l’hexagramme de la demande en mariage qui est un hexagramme charnière, le n° 31 dans le Yi-King , c’est l’hexagramme du passage de l’adolescence à l’age adulte. C’est l’étape charnière où on bascule vraiment dans ce que l’on doit être.
C’est ce qui m’a le plus plu dans cette histoire de Yi-King. Je voulais sculpter l’hexagramme de la révolution et finalement j’ai réalisé l’hexagramme qui correspondait à mon étape de vie qui était tout à fait charnière.
Je commence un hexagramme avec une intention et pas une volonté et je vais me laisser porter par la matière elle-même et les circonstances de la vie pour que ça puisse changer en permanence.
Rencontre entre l’idée et l’objet et quelque chose qui n’est pas formé qui est en devenir et qui est soi…
Qui est une part de moi
Une part de toi et de ce qui t’entoure
C’est vraiment une intéraction entre la matière, moi, la vie et ainsi de suite
Je n’ai jamais dérogé à cette régle.Tous les hexagrammes que j’ai sortis correspondent à ce que je suis en train de vivre.Chaque fois que je fais un hexagramme, je note tout ce que je suis en train de vivre et un jour j’essaierai de faire un petit manuscrit. Mon objectif c’est de sculpter les 64 hexagrammes, de faire un parcours dans tout le prisme des transformations Je note chaque jour ce que je suis en train de vivre au cours de la réalisation de cet hexagramme.
As-tu recherché comment ces hexagrames avaient inspiré d’autres artistes ?.
C’est une des premières choses que j’ai faites.Je suis allé voir si d’autres artistes avaient été inspirés comme moi par les hexagrammes mais je n’ai trouvé personne. J’ai trouvé des gens qui s’étaient inpiré du Yi-King mais dans son ensemble. Il y a une ou deux sculptures qui s’appelent Yi-King mais personne n’a sculpté un hexagramme en particulier.
Mais ils ont quand même été gravés sur des pierres, ils ont été écrits, ils ont été calligraphiés ?
Ala base, c’était sur des écailles de tortue qu’on a commencé à décrypter les hexagrammes .Il y a eu des culptures, des objets, des pièces des baguettes d’achillées, des amphores qui ont nourri l’histoire du Yi-King mais qui ne représentaient pas tel ou tel hexagramme.
Des reproductions sur papier ?
Un hexagramme c’est une forme graphique qui comprend six lignes et un idéogramme. Moi je transpose en trois dimensions, soit l’hexagramme soit la philosophie de l’hexagamme.Je navigue entre la figuration et l’abstraction.
Tu n’a pas de parti pris
Si j’ai envie de faire une figuration qui correspond bien à l’hexagramme je ferai une figuration. Si c’est une abstraction, ce sera une abstraction. Si c’est une symbolisation c’est-à-dire reprendre exactement l’hexagramme et le tailler dans un bloc avec un léger mouvement, c’est possible . Cela va dépendre de mon humeur, de la matière de plein de choses
Et donc ton support de matière?
C’est le bois. J’ai fait tout mon apprentissage sur la pierre parce que le bois m’avait dit Coutelle, c’était plus difficile. Un jour Coutelle m’a ramené une traverse de chemin de fer en me disant « Vas y, essaie. » J’ai sorti ça. (Il s’agit d’une petite statuette de femme)
On voit tout le lignage du bois.
C’est une grosse partie de mon travail. J’écoute la matière visuellement, je cherche à voir la vie de l’arbre. Je travaille énormément avec son veinage.J’essaie de faire coincider le veinage avec ce que moi j’ai envie de dire. Une vraie conversation entre la matière et moi. La matière,elle m’emmène quelque part. Elle a déjà une vie, une existence et moi je m’emploie à la révéler au mieux en fonction de ce que j’ai envie de dire.
C’est laqué ?
Il n’y a que de la cire.Aucun travail de teinte Je les laisse les plus naturelles possible. Je la laisse le plus naturel possible.
C’est quoi comme bois
C’est du chêne
C’est presque pas photographiable.
La sculpture c’est très délicat à photographier
C’est intime
Celle là, c’est particulièrement intime. C’est à partir de ce moment que Coutelle m’adonné son ancien atelier. Là il s’agit d’une maquette, je voulais la faire en taille réelle . C’était l’idée de ma petite fille quand elle avait 4 ans. Encore une fois un concours de circonstances. Après j’ai eu une boulimie de bois. Coutelle respectait mon travail. Je me suis engagé dans beaucoup de figurations dans le bois. C’est à ce moment là aussi où j’ai commencé à travailler pour lui. C’était très intéressant. Il y a : être son élève et être ses mains. C’était son esprit qui guidait mes mains Je n’ai jamais copié pour Coutelle mais j’ai travaillé pour lui . C’est comme si je traversais ce que lui avait traversé pendant 50 ans de sculptures. C’est une expérience géniale dans le parcours d’un artiste.
Tu as été ses mains.
J’étais son exécutant mais je comprenais ce qu’il voulait, comment ça devait se faire, où il voulait en venir et du coup on avait des conversations riches, on était dans un rapport d’échanges, avant j’étais l’élève.
Coutelle disait toujours que techniquement le bois c’était plus difficile.Il faut suivre le sens du fil. Dans le rapport avec la matière, la pierre on la brise, le bois on le tranche.Tout ce veinage, toute cette animation, cette vie contenue dans le bois si on ne la comprend pa,s il y a des dissonances.Donc il faut vraiment se mettre à l’écoute du bois pour obtenir une sculpture qui tienne dans son ensemble avec ce que le bois a à dire . C’est pour ça que c’est une vraie conversation entre la matière et le sculpteur
Nous qui sommes profanes, on se dit du bois qui n’a plus de racines dans la terre, il est mort et en fait non …
Chaque anneau c’eest un hiver et un printemps. Quand je travaille avec le bois, c’est un voyage dans le temps. Sur du vieux bois, quand j’arrive dans le coeur du bois, il m’arrive de me dire, tiens je suis en 1970 ou en 1950
C’est une autre vie finalement
C’est retrouver la vie qui était contenue dedans et la révéler. Et ça corerspond bien au Yi-King, parce que c’est le livre transformations
Ca colle bien avec la logique du sculpteur qui est dans un processus de transformation et ça colle bien avec le bois parce que le bois dans la philosphie chinoise et le Yi-King, c’est un élément extrêment important qui revient en permanence, il y a le bois, le feu, l’eau et le métal. Le bois, il est hyper important, c’est la force tranquille qui pousse. Mais il a un mouvement aussi le bois et une vie qui est encore contenue dedans.Pour moi c’est le meilleur des matériaux pour traiter du Yi-King.
Le Yi-King ça fait partie des éléments, il est autour de nous. C’est une manifestation…
C’est plus que ça et moins que ça. La vie c’est la vie et le Yi-King est une tentative de décryptage des mouvements de la vie
Pourquoi veut-on décrypter ?
C’est un outil de connaissance de soi
Et de la connaissance de la matière pour aller vers autre chose que soi
Ca c’est l’usage que j’en ai avec la matière. Mon propos artistique c’est ça, la connaissance de soi. En bon Montaignien, j’apprécie beaucoup Montaigne, je me dis que la chose la plus importante qui soit, c’est de se connaitre. A partir du moment où l’on se connait, on sait user de sa personnalité, ses travers, ses bienfaits d’une facon créative intéressante pour soi et pour autrui . Si on se ment en permanence, qu’on s’imagine être un personnage que l’on est pas, si on se fabrique des sécurités en permanence pour éviter d’aller là ou ça fait un peu mal…
C’est par les autres qu’on apprend à se connaitre
Montaigne disait qu’on se connait par réflection, par réflection dans l’autre. C’est-à-dire l’autre est un miroir qui nous renvoie une image de nous-mêmes mais l’autre est un outil pour se connaitre soi même.Goethe disait : on se connait dans l’isolement, on s’éprouve dans le tumulte du monde.
Le yi king comme outil de connaissance de soi t’apporte un certaine sérénité
Oui
Toi tu ne cherches pas la gloire
Non je cherche à élever mes enfants ; il y a deux choses où j’arrive à me définir : d’abord Papa et ensuite sculpteur
En fait ma fonction de sculpteur c’est le meilleur moyen, enfin celui qui m’a trouvé, pour trouver une vie qui vraiment m’enrichisse au quotidien et qui me permette d’élever mes enfants; la gloire c’est vraiment une question très subsidiaire. Je suis ravi losque mon message artistique passe puisque c’est pour ça que je le fais, mais si cela n’intéresse que quelques personnes, ce n’est pas grave. Je préfère m’adresser bien à quelques personnes que mal à beaucoup mais pour de fausses raisons
Et puis tu arrives aussi à vivre en donnant des cours
Oui je n’ai pas cherché. Au départ je voulais donner des cours d’art thérapie et ça n’a pas très bien marché, En revanche beaucoup de gens m’ont demandé des cours de sculpture et je me suis découvert une aptitude à transmettre. Il y a cette phrase qui m’est venue, on ne possède que ce que l’on donne. J’ai eu le sentiment d’apprendre davantage la sculpture en l’enseignant car cela m’oblige à remettre en question mes connaissances en étant à l’écoute des élèves.
Quels sont tes élèves ?
Il y a des enfants, des adultes, des artistes aussi. Mais en fait je ne stigmatise personne. C’est un atelier ouvert, les gens viennent pour ce qu’ils veulent mais ils n’ont pas forcément à me le dire. Les gens savent que je suis art-thérapeute, que je donne des cours c’est tout. Ce que j’ai créé ici c’est un univers. Je sais que certaines personnes vont bien se sentir dans cet univers qui va les aider …
Tu n’es pas directif
Pas du tout. En échange, je donne des conseils. Je suis assez pointilleux avec la technique. Pour discuter avec le bois, il faut connaitre l’usage des outils etc. mais une fois que je vois que l’élève a compris les règles de bases je le laisse entrer dans sa poétique. Mois mon job c’est de l’inscrire dans sa poétique
Et de lui permettre de prendre ses ailes
Voilà et la plupart de gens qui sont venus ici en retirent des bienfaits. Ça marche bien aujourd’hui.
Quand tu donnes libre cours à ton imagination, tu es déjà dans un chemin, tu ne fais pas n’importe quoi. Il y a des artistes qui sont animés par leurs sentiments, leurs émotions du moment, toi tu as tempéré tout ça ?
La sculpture c’est un processus long, le sculpteur n’a pas la même démarche qu’un peintre qui va envoyer beaucoup de peinture sur son tableau pour créer un mouvement et voir ce qu’il en fera plus tard. J’avance pas à pas dans la matière
Tu es dans le langage de l’arbre, c’est posé un arbre
J’essaie de me disposer de telle sorte que je puisse engager une conversation avec la matière. Je peux aussi avoir des élans de folie .
L’’éclat, je vais te raconter une histoire par rapport à l’hommage à Coutelle. Paul Savatier m’offre un bloc de noyer Du Japon de 2 mètres et 90 cm de circonférence. Je m’étais dit : je vais rendre hommage à monsieur Coutelle qui était toujours en vie. Monsieur COUTELLE avait eu une grande période de bustes de femmes, sans le visage, ni les bras Je commence à tailler un hexagramme, la plénitude, c’était un buste de femme, on voyait les hanches, les fesses, il y avait un effet de torsion du buste qui avait l’allure d’une grande feuille. Je l’avais fait sur l’ensemble du bloc sur 2 m. J’étais assez satisfait, j’avais appelé Coutelle pour la nouvelle année. Il devait venir voir la sculpture en fin de semaine mais le mardi, j’ai appris sa mort et il devait être incinéré le jeudi. Cette œuvre-là, la plénitude, ne correspondait plus du tout à ce que je voulais dire. J’ai un peu pété les plombs, j’ai repris la sculpture qui était finie et j’ai passé plusieurs nuit blanches du mardi au jeudi à retailler, retailler jusqu’à garder l’essentiel qui est cette grande flamme aujourd’hui. Je n’avais aucune idée de ce que j’allais faire . J’ai entrepris ce travail dans une sorte de folie, une émotion, il y avait de la peine , j’avais pété les plombs. Quand j’ai terminé, j’ai eu le sentiment d’avoir trouvé l’essentiel de cette pièce et en reculant j’ai pensé : c’est une flamme en fait que j’ai réalisée. Et je savais que dans le Yi-King, il y avait un hexagramme où il y avait les deux trigrammes du feu. Je vais consulter le Yi-King à la page de l’hexagramme de l’éclat et je lis que c’est l’hexagramme des maîtres où il est dit « la lumière luit deux fois, la première fois dans le cœur du sage qui a su faire la lumière en lui, et la seconde fois au dehors pour éclairer les autres sur la beauté du monde « Cela ne pouvait pas mieux correspondre à Coutelle sous cette forme-là. Donc, je me laisse parfois emporter par mes émotions mais dans un processus plus long mais avec une détermination conséquente
Qui ne rime pas avec volonté
La détermination c’est s’engager dans le processus mais je n’ai pas la volonté d’aboutir à une chose que j’aurai visualisée, ce n’est pas une transposition de ce que j’ai dans mon imaginaire.
Tu as du recul
Par exemple je travaille sur l’hexagramme de la douceur du vent, et je vais m’employer à rechercher un mouvement extrêmement doux qui va circuler dans le bloc mais je ne sais pas comment il va se traduire le mouvement dans le bloc Tout ce que je sais c’est que je cherche de la douceur et un mouvement de pénétration. Je ne sais pas comment il va s’inscrire mais en prenant son temps comme disait Coutelle « Laisse dormir le travail, laisse dormir le travail » il y a des évidences qui apparaissent, c’est pas un truc intellectuel, c’est un truc sensible, je sais ce que je dois faire.
Propos recueillis par Evelyne Trân le 7 Septembre 2012 dans l’atelier de Julien SIGNOLET.
magnifique article sur un sculpteur majeur
bravo…
dans le cadre de mon projet poétique
blogs-musée aléatoires mais pertinents
pour mon oeuvre littéraire
aléatoire mais pertinente…
permettez-moi de vous offrir
une de mes chansons
—
SON UNIQUE POITRINE
REFRAIN
les mâles sont pris
avec un drôle
de programme dans l’âme
toutes les femmes les chavirent
rien qu’avec leu poitrines-navire
les femmes sont prises
avec un drôle
de programme dans l’âme
elles ne se donnent qu’à l’homme
dont la beauté du coeur
les illumine et les étonne
COUPLET 1
j’avais 20 ans
j’étais marié
une femme sculpteure
dont les seins m’avaient ensorcelés
m’a dit viens-t-en
j’ai besoin d’toé
tu es cet homme
avec qui j’ai tant besoin d’créer
jamais
j’aurais du
refuser
COUPLET 2
j’avais 44 ans
deuxième fois marié
la femme sculpteure
dont les seins m’avaient jadis
ensorcelés
en France à la Rochette
sur un chemin de gravelle
tiens-toé ben
c’t’une histoire vraie
c’est quasiment pas croyable
ma deuxième femme pis moé
par hasard on l’a croisée
passé proche
de lui crier
j’me suis encore trompé
REFRAIN FINAL
les mâles sont pris
avec une drôle
de souffrance dans l’âme
quand leur passé chavire
du fond de leur poitrine désir
y a que les seins
d’la femme qu’ils aiment encore
qui déprogramment leur âme
comme la femme sculpteure
me fait encore frémir le coeur
oh
certaines nuits
certaines heures
rien qu’à l’image
d’un exotique voyage
de mes lèvres orages
sur son unique poitrine
Pierrot
vagabond céleste
http://www.enracontantpierrot.blogspot.com
http://www.reveursequitables.com
google, video vagabond celeste, simon gauthier conteur
J'aimeJ'aime
Monsieur,
Merci pour ce poème et les liens qui me permettent d’aller découvrir d’autres sites .
Je connais également un autre sculpteur Philipe JARRY qui travaille sur une péniche.
et que j’apprécie beaucoup. Il y a quelques articles et une vidéo sur mon blog, le concernant .
Quand à Julien SIGNOLET, il a un atelier permanent très sympathique juste à côté du Père LACHAISE.
Il est aisé d’aller le visiter.
Bien cordialement
Evelyne Trân
J'aimeJ'aime
VAGABOND CELESTE EUROPEEN
2 DATES DE SPECTACLE
——-
LYON
MERCREDI 29 MAI 2013,
20H.30
Simon Gauthier
livrera son spectacle
LE VAGABOND CELESTE
accompagné de Jean-Luc Priano, instrumentiste
dans l’amphiopéra de Lyon
place de la comédie
——
PARIS
SIMON GAUTHIER
CONTEUR INTERNATIONAL DU QUEBEC
SPECTACLE « LE VAGABOND CELESTE »
25 MAI 2013, PARIS
21 H À 22H 30
LE PETIT NEY
10 AVENUE PORTE-MONTMARTRE
J'aimeJ'aime
Interview qui tombe à point nommé Mon compagnon est parti d’un cancer en janvier 2012 Mon médecin possède la sculpture 36 obscurcissement de la lumière Le Yi Jing est ma « spy » depuis longtemps J’ai 84 ans Je vis à Vence entourée d’amis artistes ou autres Je garde des liens avec les rencontres importantes de ma vie Autant d’incidences qui me poussent à envoyer un commentaire ému à l’essentiel de cet article Merci
J'aimeJ'aime
Je suis heureux de savoir que mon frère ait enfin trouvé sa voie .Dieu te vienne en aide
J'aimeJ'aime