L’arbre voyageur avec flûte Michel SEULS L’arbre voyageur
Toi, tu es un filtre de passage. Comment balancerais-tu ton cœur vers la mer, au-dessus de la dune d’un peintre matelot.
L’arbre voyageur marqué par l’écume et le sel soudain sort du tableau. Il singe l’homme, il s’habille de feuilles, il a grandi en rêve sous la coque d’un navire. Il a dit : je remuerai le visage d’une foule comme l’on pose pied à terre après un siècle de solitude. Il dit : je suis le voyage d’un seul être à travers mille visages.
Mais qu’appelles-tu visage oh arbre voyageur ?
– Je l’appelle expression d’un paysage lointain, sous la frontière d’un œil, d’un menton que sais-je ! Par le secours humain qui m’appelle revenant au pays natal, chacun de leurs pays. Et j’y vois aussi bien le vol d’une nuée d’hirondelles que le retour à la nage d’un être renaissant.
Tu ne verras pas de bateau échoué au pied de chaque voyageur dans une rame de métro et pourtant je suis celui que l’on nomme l’arbre voyageur d’avoir comme ultime prouesse, promis d’entrer chez chacun d’eux.
Moi, jaloux de leurs mains, de leurs yeux, leurs épaules, les écoute palpiter comme mes anciennes feuilles, celles qui m’ont décoiffé, celles que je devine encore. J’entends ceux qui disent « Je voudrais être un arbre » et je m’entends crier « Je voudrais être un homme » Comme c’est bizarre.
Un peintre et un sculpteur m’ont dévoilé la face.
Depuis, je scrute l’horizon, à genoux sous leurs branches.
Paris, le 27 Juillet 2012 Evelyne Trân