
Mise en scène Denis GUÉNOUN
Avec Stanislas ROQUETTE
Lumière Geneviève SOUBIROU
Musique Franz SCHUBERT, An den Mond (D193)
Avec le concours d’Osvaldo CALO, de Caroline MONTIER
d’Alexis LEPRINCE de Tamia VALMONT et de Stanislas SIWIOREK
Nouvelle traduction de Frédéric BOYER (Les Aveux, P.O.L., 2008)
Photographies : Sébastien TOUBON
Dans le Livre XI des Confessions – un classique de la pensée philosophique – saint Augustin pose une question à la fois simple et vertigineuse : Qu’est-ce que le temps ? Puis il ajoute : « Si personne ne me le demande, je sais. Si on me le demande et que je veux l’expliquer, je ne sais plus. » Par son incarnation virevoltante, alliant humour et profondeur, Stanislas Roquette met en corps la pensée du philosophe, avec la vivacité d’un grand horloger. Une heure de temps suspendu !
https://www.youtube.com/watch?v=M_pij5vNYQ4
Qu’est-ce que le temps ? Il semblerait qu’à la fin, il faille accepter de laisser s’échapper la question. Très étrange cette discussion sur le temps !
Sur scène, Saint Augustin a l’apparence d’un jeune homme Stanislas ROQUETTE particulièrement vif qui interpelle Dieu en le tutoyant. C’est donc qu’il le personnifie Dieu ! Il l’apostrophe comme si ce dernier pouvait lui répondre. Mais n’est-ce point Saint Augustin qui répond à sa place ?
Que l’on croie en Dieu ou pas, Il y a des vertiges philosophiques, métaphysiques auxquels on aimera bien se soumettre pour jouir de la démonstration de Saint Augustin qui a choisi de prendre à bras le corps la question qui le confrontera le plus possible à lui-même en somme en tant qu’homme parmi les hommes, pour devenir celle de la vie, tel un miroir tendu vers Dieu.
Il y a l’image d’Epinal du vieux savant ou grand Saint auréolé, très décalée par rapport à nos conditions de vie très matérielles. C’est donc une bonne surprise que celle de découvrir un Saint Augustin tout feu tout flamme, cracheur de mots – cracheur de mots, cracheur de feu, c’est tout comme – célébrant le mystère ou s’en éblouissant, en déployant une joute verbale étourdissante . La question l’assaille mais elle le stimule car il ne cesse de la faire rebondir.
Le comédien la traduit physiquement en s’agitant, se frottant contre le sol, en opérant des cabrioles tel un acrobate de cirque.
Mais ce cirque qui nous renvoie en enfance nous permet d’avaler la pilule : Non, oui, le temps s’est refusé à la question.
Il court, il court le furet… La mise en corps et en espace de Denis GUENOUN est fort récréative. Nous avons passé un très bon moment avec Saint Augustin plus juvénile que jamais, incarné par un comédien étonnant Stanislas ROQUETTE.
Evelyne Trân
Le 21 Octobre 2025