
Introduction
Dom Juan découvre la partie féminine qu’il abrite en lui à son insu. C’est le coup de foudre.
Description
Fatigué par le jeu cruel des amantes qui pleurent et geignent, rompu par les armées de mâles lancées à ses trousses au nom de la famille, Dom Juan s’est réfugié dans une vieille demeure. Il aspire à connaître enfin la sérénité dans le plus parfait abandon. C’est alors que se révèle, tapie en lui, la partie féminine, ô combien désirable, qu’il abrite, Jeanne. aussitôt l’amour fou, passionnel et passionné qui le pousse à explorer les frontières de son moi. Infailliblement la question du genre surgit mais pas dans son état habituel.
Au-delà des sexes, Topor s’amuse à ouvrir les failles de l’être, pour s’immiscer dans l’univers des ressentis qui s’agitent en nous et mieux fendre l’image intime de soi. Mettant à nu notre monde des sensations, la question qui surgit est celle du corps vivant en tant que puissance de vie. Topor nous engage à nous interroger sur notre identité.
Avec L’Ambigu, il se joue de tous les genres, le féminin et le masculin, le roman et le théâtre, le monologue et le dialogue, faisant éclater les frontières. Le rire est l’antidote, c’est un feu d’artifice de bizarreries, d’érotisme et de cruauté. Ennemi de l’esprit de sérieux Topor ne voulait pas d’un théâtre d’idées reçues témoigne son grand complice Jean-Michel Ribes.
Equipe artistique
Carmen Samayoa – Mise en scène
Fabrice Delorme – Interprétation
Mario Gonzalez – Collaboration artistique
Shimehiro Nikishawa – Danse
Otmane Abdesselam – Création lumière
Reinhardt Wagner – Musique
Clotilde Bernard – Diffusion
Alysse Pocquet – Graphisme
François Vila – Presse
L’AMBIGU, voilà une pièce de Roland Topor qui porte bien son nom et pourtant elle ruisselle de sincérité. Il s’agit d’un homme s’appelant Dom Juan qui se dépouille progressivement du masque d’une identité dont on ne sait s’il l’a lui-même édifiée ou si elle s’est imposée à lui. De sorte que lorsqu’il apparait sur scène, cet homme est un Dom Juan méconnaissable qui titube comme une plante qui n’aurait plus de tuteur pour se redresser.
Et le voilà assailli par le vertige, le vertige d’une sensation totalement inattendue mais qui à la réflexion peut se comprendre. Dom Juan l’amoureux des femmes, obsédé par elles, se découvre dans le miroir une identité féminine. Une hallucination qui devient réalité quand le fantasme vous habite.
Mais qu’attend de Dom Juan, cet avatar de lui-même, Jeanne et qu’attend-il d’elle ? Là est toute la question. En paraphrasant la célèbre phrase d’Hamlet, il semblerait que Roland Topor souffle sur la question de l’être : être ou ne pas être Jeanne, être ou ne plus être Dom Juan ?
Cette question s’articule comme une conjugaison et devient d’autant plus éloquente aujourd’hui lorsque le genre féminin est phagocyté au pluriel par le genre masculin d’où l’écriture inclusive qui fait débat.
La préoccupation de Dom Juan est ailleurs. Elle est interne et organique . Dom Juan entend se séduire lui-même en femme et ce désir va au-delà du narcissisme. Il répond à un manque, un manque d’amour » Trop conscient de mon indigne condition humaine, il me fallait trouver un peu d’amour terrestre qui me permit de m’aimer ».
C’est un vrai challenge que d’interpréter un tel personnage, Fabrice DELORME lui apporte toute sa vibrante sensibilité .
Il a une belle sortie à la fin de la pièce que nous ne vous révélerons pas. Roland Topor nous donne l’impression de secouer un pommier . Il s’estomaque lui même et rebondit. L’humour est sa grande force et surtout il fait la part belle à l’imagination.
Dans la mise en scène de Carmen SAMAYOA avec le concours de Mario GONZALES, comment ne pas applaudir à la danse du Kabuki qui illumine Dom Juan.
Voilà un spectacle à voir et à revoir, tellement cette pièce regorge de subtilités. Mais évitons de trop raisonner, place au plaisir ! Car elle est formidable cette idée d’aller chercher son âme sœur ou son âme frère dans le miroir !
Le 17 Juillet 2025
Evelyne Trân