
© Photo : Alejandro Guerrero
Mise en scène : Pamela Ravassard
C’est l’histoire de l’amour incommensurable d’une mère pour son fils. C’est l’histoire d’une mère qui est prête à tout pour offrir la meilleure vie à son fils. C’est l’histoire d’une réussite…
Fin septembre, réunion de parents d’élèves : elle est là, « la mère du Burt ». Celle qu’on n’a pas vue depuis des années, celle qu’on aurait sans doute préféré ne pas revoir. Elle n’a plus aucune raison d’être là, pourtant elle s’est invitée. Alors, comme le prof principal est en retard, elle se lève et parle. En combat contre les mots, elle se raconte, raconte son Burt, cet « enfant difficile ». Dans ce texte ciselé et haletant, cette mère courage n’a aucune limite pour son fils qu’elle embarque sur les routes de France, en quête d’un rêve hollywoodien. Et au fil de ce parcours entre musique, danse et cinéma, une vraie émotion se dévoile peu à peu. On comprend alors qui elle est, et pourquoi elle est là…
Equipe artistique
Interprétation: Pamela Ravassard
Violoncelliste: Nathan Minière
Collaboration artistique : Garlan Le Martelot
Collaboration artistique et création lumière: Cyril Manetta
Création sonore et arrangements: Frédéric Minière:
Scénographie et costumes: Hanna Sjödin
Chorégraphie : Johan Nus
Coach vocal: Stéphane Corbin
Le spectacle ZOOM de Gilles GRANOUILLET interprété et mis en scène par Pamela RAVASSARD donne tout son sens ( c’est le cas de le dire car nous l’avons découvert au Festival SENS ) au qualificatif de Seule en scène .
Qu’attendrions nous d’un seul.e en scène s’il était proposé au quidam auquel chacun.e de nous pourrait s’identifier ? Il y a une bonne quinzaine d’années au Théâtre Le Lucernaire grâce à la bienveillance de son directeur Christian LE GUILLOCHET, le dernier dimanche du mois un poète slameur Vincent JARRY organisait une scène ouverte permettant à « n’importe qui » de s’exprimer . De fait cette scène était réservée aux personnes n’ayant pas les moyens de payer pour la scène suivante destinée aux professionnels.
Cette opportunité de s’exprimer face à un public, sans détenir les codes des artistes professionnels, il fallait la saisir car elle était exceptionnelle . Imaginez le fantasme, se retrouver seul.e face à un public inconnu pour délivrer quelque chose d’intime qui nous tient au cœur, ou un message urgent qui nous relie à la vie.
Ce personnage de Zoom, une mère qui vient frapper à la porte d’un public inconnu, ici, un groupe de parents d’élèves pour lui raconter son histoire de mère avec un enfant « difficile » évoque cette émotion de se retrouver seul.le pour raconter l’inaudible qui a pourtant un lien avec la société, qui se trouve sans doute en dessous du goudron de la rue, parcouru par tout le monde, qui est comme le terre plein du coeur qui bat à tout rompre, dans l’urgence, mais dans l’urgence de quoi ?
Cette femme qui s’est complètement identifiée à son rôle de mère a oublié qu’elle était une personne à part entière . Elle s’est effacée de son propre miroir pour se projeter sur le destin de son fils Burt devenu la prunelle de ses yeux. Elle rêve pour lui la gloire d’un acteur tel que Burt LANCASTER, parce qu’elle l’a conçu lors de la projection au cinéma du film « Tant qu’il y aura des hommes ».
La confession de cette femme est bouleversante parce qu’elle n’est pas lisse. Nous sommes tellement habitués au langage conventionnel, suffisamment léché pour entrer dans les oreilles de quiconque, que nous sursautons dès que nous entendons une personne qui parle trop fort, qui crie, lance des insultes etc.
« Passez votre chemin » aura-t-on envie de dire à cette dame. Vous nous importunez avec votre histoire. Pauvre femme ! » On pourrait la qualifier de toxique la mère de Burt parce que c’est évident à cause de son manège insensé elle a rendu la vie de son gosse impossible. Et si nous essayions de faire Zoom comme Gilles GRANOUILLET sur ces détails qui prennent une importance inouïe sans même que l’on s’en rende compte.
Nous ne sommes pas psychiatres, nous n’avons pas les codes pour juger et comprendre sans doute, mais cela nous fait du bien de l’entendre cette femme parce qu’elle nous renvoie à des fantasmes que nous avons peut être eu en tant que parents, parce qu’elle nous parle de la vie tout simplement.
Et puis cette pauvre femme est aussi une mère courage, nous laissons au public imaginer la suite…
Gilles GRANOUILLET sait trouver le langage qui ne coule pas de source mais qui est révélateur de la vie intérieure de la mère de Burt jusqu’à ce qu’elle arrive à se dire. Pamela RAVASSARD est saisissante. Elle crache le morceau mais il est de taille à nous subjuguer.
Evelyne Trân
Article mis à jour le 29 Juin 2025
N.B : Paméla RAVASSARD était l’invitée de l’émission DEUX SOUS DE SCENE sur Radio Libertaire 89.4, le samedi 24 Mai 2025, en podcast sur le site de Radio Libertaire.