L’ARLÉSIENNE de Alphonse Daudet – Jeu et mise en scène de Daniel Mesguich – Dans le cadre du Festival SENS du seul.e en scène au Théâtre des Gémeaux Parisiens 15, rue du Retrait 75020 PARIS -Vendredi 2.05 à 19 H, Samedi 10.05 à 16h45, Dimanche 25.05 à 17h15, Vendredi 30 Mai à 20 H 45.

Photo D.R.

C’est comme si c’était l’histoire d’un homme qui se racontait une pièce de théâtre. Ou c’est comme si une pièce de théâtre traversait un seul homme. Dans les deux cas, le présent a un goût de souvenir. Théâtre radical : de quoi s’agit-il là, sinon de voir les voix, et de tenter de les faire voir ? L’art de la « mise en scène  » attendra. Nous arrêtons ici le « spectacle  » à sa seule rêverie. Dans la pièce de Daudet, on ne voit jamais L’Arlésienne, n’est-ce pas ? Cette fois, on ne verra pas davantage les autres, Frédéri, Vivette, Rose Mamaï, le Gardian ou Balthazar… mais on entendra leurs spectres. Et pourquoi L’Arlésienne ? Parce que c’est la Provence et, derrière la naïveté apparente de ses accents, tendez l’oreille, plusieurs Provence. Et parce que c’est autrefois et, tendez l’oreille, c’est encore maintenant. Et parce que c’est l’amour, enfin. Tendez l’oreille : celui, ici, maladie infantile et mortelle, de tous pour tous.

 » l’Arlésienne » Qui ne connait pas cette expression concernant une personne dont tout le monde parle mais qu’on ne voit jamais ? Cette Arlésienne, elle existe pourtant bel et bien dans une nouvelle des Lettres de mon Moulin d’Alphonse DAUDET qui fut adaptée pour le théâtre sur une musique de Georges Bizet. La pièce n’a guère été jouée, aussi l’initiative de Daniel MESGUICH d’offrir au public une représentation de cette pièce en interprétant tous les protagonistes est particulièrement bienvenue. Et puis c’est une expérience unique pour les spectateurs. Imaginez une pièce avec de multiples personnages sortant de la bouche d’un seul interprète qui réussit à captiver son auditoire, sans quitter son tabouret, en jouant seulement de sa voix , l’indispensable instrument de l’acteur.

En fond de scène , mouvementée par quelques silhouettes apparait la ferme « maudite » qui conserve le souvenir d’un mélodrame, sujet de l’Arlésienne. Car l’Arlésienne est un mélodrame qui raconte l’amour malheureux d’un homme pour une femme . C’est un mélodrame collectif car tout l’entourage du héros Fréderi est suspendu à cette histoire d’amour et jusqu’au bout, il espère une issue heureuse.

Et le conteur de maintenir la tension et le suspense. « Bon Dieu, se demande le public, que se passe t-il dans la tête de tous ces gens et surtout dans celle de Fréderi ?  » Les commentaires, nous les garderons pour nous, l’issue du mélodrame est écrite n’est-ce pas ? Or nous continuons à espérer jusqu’à la fin, jusqu’à la fin , les larmes aux yeux.

Tous ces ruisseaux de voix, celles de Vivette, Balthazar, Fréderi, Jeannet, Rose etc. réunies par Daniel MESGUICH recréent l’écho d’une histoire qui vient juste d’avoir lieu. Comment ne pas être bouleversés !

Evelyne Trân

Le 19 Mai 2025

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