La chute d’après Albert CAMUS – Interprétation et mise en scène de Jean-Baptiste ARTIGAS au Théâtre ESSAION 6 rue Pierre au lard 75006 PARIS du 1er septembre 2024 au 6 janvier 2025 , les dimanches à 18 H, les Lundis à 19 H.

AUTEUR Albert CAMUS
MISE EN SCÈNE Jean-Baptiste ARTIGAS
INTERPRETATION Jean-Baptiste ARTIGAS
ADAPTATION Jacques GALAUP
DRAMATURGIE Sophie NICOLLAS
COLLABORATION ARTISTIQUE Guillaume DESTREM
LUMIÈRES Caroline CALEN
DURÉE 1h15
PRODUCTION LA BELLE ÉQUIPE
ATTACHÉE DE PRESSE Catherine GUIZARD


Un homme interpelle un autre homme au Mexico-City, un bar à matelots d’Amsterdam. Une longue conversation s’initie entre eux. Jean-Baptiste Clamence, le narrateur exerçant dans ce bar l’intriguant métier de juge-pénitent, fait lui-même les questions et les réponses face à son interlocuteur muet. Il commence alors à lever le voile sur son passé glorieux et sa vie d’avocat parisien. Une vie réussie, jusqu’au soir où cette jeune femme qu’il croisera sur le pont Royal à Paris, se jettera dans la Seine juste après son passage.

La Chute, ce roman monologue d’Albert CAMUS fait souvent l’objet d’adaptations théâtrales. Et c’est tant mieux car cette œuvre agit comme un miroir de sorte que suivant la personne qui s’y projette, les impressions et les interprétations sont très diverses.

Cela tient sans doute aussi à l’ambiguïté du personnage Jean-Baptiste Clamence à la fois jeune et vieux, cynique et désespéré, bavard et insondable, exalté et tourmenté.

Un seul en scène pour un seul personnage ! Albert CAMUS n’était pas comédien mais en tant que dramaturge et créateur il pouvait endosser la peau de ses personnages.

Jean-Baptiste CLAMENCE est un individu au bord du gouffre, ou bien en bordure de scène, en bordure de la Seine.

D’une certaine façon, il se confronte au vide, celui de la solitude, de la peur du vide et il s’agit d’une interprétation parmi d’autres, ce qui le raccroche à la vie, depuis qu’il a perdu toute inconscience, c’est une saleté dans son miroir, quelque chose qui gâche tout comme une verrue au milieu du visage, le sentiment de s’être trahi lui même, lui un homme propre à tous points de vue, parce qu’il a été incapable, un jour, de porter secours à une femme qui se jetait d’un pont.

Des analystes de l’âme trouveraient sûrement des explications à cette défaillance. Mais ce n’est sans doute pas ce que recherche Camus. Il met en scène un homme qui a mal et il se purge par la parole comme un malade . Cela dit dans ces propos , s’il s’inquiète pour lui même c’est en tant qu’humain parmi les humains. Ne serait-il coupable que d’être humain ?

En tant qu’auteur, journaliste et homme ayant vécu la guerre mondiale et celle d’Algérie, CAMUS porte sur ses épaules non pas la misère du monde mais ce qui s’en approche malgré tout. C’est une histoire de conscience. Chez lui l’optimiste et le pessimiste jouent au bras de fer.

L’interprétation de Jean-Baptiste ARTIGAS frappe par sa juvénilité et pour reprendre une expression de Camus « Il faut imaginer Sisyphe heureux », il faut aussi imaginer Clamence à la recherche de la paix.

Ce Clamence ne dit-il pas  :

« Après tout ce que je vous ai raconté, croyez-vous qu’il me soit venu le dégoût de moi même. Allons donc, c’est surtout des autres que j’étais dégoûté. J’aime la vie, voilà ma vraie faiblesse ».

Cet amour de la vie Jean-Baptiste ARTIGAS l’exprime naturellement au piano, en reprenant des standards de jazz de Théolonious MONK .

Ce va et vient vers le piano est quasi organique. L’action se situe dans un bar, il y a du mouvement, de la vie. C’est juste suggéré mais qui ignore qu’au milieu du monde, on peut se sentir seul.

Sous le regard de Guillaume DESTREM, Jean-Baptiste ARTEGAS offre au public un spectacle d’une fraîcheur et d’une intensité totalement désarmantes.

Article mis à jour le 29 Septembre 2024

Evelyne Trân

N. B : Jean Baptiste ARTIGAS était l’invité de l’émission DEUX SOUS DE SCENE sur RADIO LIBERTAIRE 89.4 le samedi 21 Septembre 2024 en podcast sur le site de RADIO LIBERTAIRE.

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