
interprètes / intervenant⸱es
Interprète : Dolo Andaloro, Aurélien Batondor, Jeanne Matthey, Rita Moreira, Côme Veber, Igäelle Venegas, Lisa Wallinger
Chargé·e de diffusion : Rachel Barrier
Vidéaste : Nicolas Clauss
Régie générale : José Havard
Administrateur·rice : Marion Humeau
Création lumière : Damien Klein
Création son : Christophe Séchet
Chargé·e de production : Adrienne Villiers-Moriamé
Assistant·e de mise en scène : Coralie Vollichard
Le texte est disponible aux éditions Actes Sud-Papiers.

Entrée des artistes s’inscrit en préambule du nouveau cycle artistique de MADANI Compagnie, Nous sommes vous, qui s’appuiera sur une recherche élaborée à partir de l’intimité des protagonistes, leurs histoires étant les clefs de voûte des œuvres qui seront réalisées, dans la continuité du cycle précédent, Face à leur destin.
Pourquoi voulez-vous faire du théâtre ? Est-elle sensée, juste, naturelle ou intrusive cette question que pose Ahmed MADANI aux quatre filles et trois garçons, dernière promotion de l’école supérieure de théâtre des Teintureries de Lausanne qui depuis a définitivement fermé ses portes…
Ahmed MADANI considère qu’il s’agit d’une question – on ne peut plus intime –
Et vous, à brûle-pourpoint, que répondriez-vous si l’on vous demandait « Pourquoi allez-vous au théâtre » ? Une envie, une passion, un besoin ne s’expliquent pas si facilement.
Les sept élèves comédiens.nes la prennent à bras le corps la question d’Ahmed MADANI et ce faisant témoignent de leurs histoires intimes.
Il ressort de leurs confessions que faire du théâtre ce n’est pas un métier comme les autres parce qu’il faut se servir de son corps, de ses propres histoires, de ses sentiments, ses pensées, etc. pour seulement se tenir debout sur scène. C’est tout le contraire de ce qu’on vous demande dans un bureau où vous devez abandonner tout ce qui forge votre personnalité pour devenir un numéro et afficher le profil réclamé par l’entreprise.
Chaque protagoniste a sa partition, quelque chose à dire qui a à voir avec son identité, sa place dans la société, la famille, le regard des autres, quelque chose à dire qui fait partie des non-dits, cette barrière de béton qui écrase l’être fragile au profit d’une société dominante et glorieuse.
Je est un autre. Faire du théâtre c’est peut-être déborder de soi, en quête d’un autre interlocuteur capable de répondre à ce petit moi enfoui qui crie « Au secours » souvent en vain.
On ne peut pas accoucher que d’idées reçues, il importe de ne pas se contenter des évidences, il faut creuser, donc mettre les pieds dans le plat, partir à l’aventure, s’engager dans un chemin hors des sentiers battus.
Le théâtre, lieu de résistance, toujours. Et puis il y a cette révélation, le partage avec le public :
« L’éphémère est le fondement de l’acte qui nous réunit, le seul endroit où cela est possible. »
Faire du théâtre ? « C’est ma manière à moi d’être un colibri » explique un comédien. Une comédienne raconte la guerre qu’elle subit contre l’imagination, le plaisir, la fantaisie dans son environnement.
Mais la troupe fait rire de bon cœur le public parce que ces jeunes disent tout haut ce qu’il n’est pas convenable de confesser. Nous saluons leur courage, leur audace d’ouvrir leur cœur là où ça fait mal mais là aussi où nous saisissons la raison irraisonnée, indéfectible de leur présence sur scène.
Le 28 Juillet 2024
Evelyne Trân
N.B : Article également publié dans LE MONDE LIBERTAIRE. FR