SUNNY SIDE D’APRES BILLIE HOLIDAY au Festival off d’Avignon au Théâtre des Lila’s 8 rue Londe Avignon du 2 au 21 Juillet 2024, jours pairs, relâches les lundis.

  • Photo Stephen BEDROSSIAN

Distribution :

Jeu, danse et interprétation : Naïsiwon El Aniou

Musiques : Billie Holiday & Archie Shepp

Lumières : Sylvain Pielli

Scénographie : Naïsiwon El Aniou & Claire Thevenin

Costumes : Laetitia Chauveau & Alice Herbreteau

Elle est sur le fil, la voix ballotée dans le rayon d’une toile d’araignée filante suspendue aux parapets de l’infortune et des succès.

Mais pour voir poindre son petit cœur d’hirondelle, il fallait sûrement lever les yeux tant sa voix très subtile laisse transparaitre l’émotion d’un être qui, l’espace d’une chanson, jugulait tous ses doutes et ses aspirations dans un souffle, dans un rêve ; sa vision intérieure toujours dominée par les charbons ardents de la musique alors même que son corps lui refusait la plénitude.

L’auteure interprète de Sunny side sait  restituer cette voix intérieure, jeune, pour une confession naturelle, capable de sonder ses jardins voilés par la  violence de son environnement, et des épreuves assourdissantes : la prison à 15 ans pour prostitution, la misère, l’esclavage, la drogue.

 Pas évident d’exister et de faire entendre sa propre clarté lorsqu’on a pour horizon le nuage sombre du racisme, particulièrement oppressant, qui régnait aux Etats Unis au début des années 1900.

 La voix de Billie Holiday était digne de passer à travers ce nuage. Baudelaire ne disait-il pas « Tu m’as donné la boue et j’en ai fait de l’or  ». Billie Holiday avait cet or à fleur de peau qui renvoyait de la lumière chaque fois qu’elle chantait.

 C’est une voix capable de poursuivre, dans les moindres recoins, l’âme des musiciens de jazz et de blues, de celles qui savent passer entre les notes, qui ne trichent pas et qui ont même dans leurs altérations cette sorte de supplément  enchanté, une voix toute en nuances.

 Sur la scène devenue presque un jardin de récréation, l’interprète de Billie Holiday dénoue son corps de façon très imaginative, exprimant à  la fois sa lutte, ses vulnérabilités, ses audaces.

 Naïsiwon El Aniou  signe une sensible évocation de Billie HOLIDAY, intimiste qui fait chatoyer la personnalité de Billie HOLIDAY qui dit-on avait l’âme d’un enfant, capable de s’éblouir et de s’émerveiller. Elle raconte sa vie comme il pleut sur la ville ou qu’il fait soleil. Les extraits de ses chansons qui soudain nous font fermer les yeux, sont bien choisis tout juste sur la crête des rêves de Billie HOLIDAY.

Article mis à jour le 10 juin 2024

Evelyne Trân

N.B : Article également publié dans LE MONDE LIBERTAIRE.FR :

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