
Interprètes / Intervenants
- Mise en scène : Catherine Schaub
- Interprète(s) : Florence Cabaret
- Directrice de production : Agnès Harel
- Régisseur : Alexis Queyrou
- Assistante de production : Céline Pierron
- Attachée de diffusion : Marie Barbet-Cymbler

Photo Emilie BROUCHON
Une respiration, un air frais et salutaire que ce seule en scène de Florence CABARET ! Alors que le rôle qu’elle incarne dans la pièce Déraisonnable de Denis LACHAUD mise en scène par Catherine SCHAUB s’avère hors normes.
Nous le savons le personnage, Florence, comédienne diagnostiquée bipolaire à 39 ans, est en quelque sorte le double de Florence Cabaret mais pas seulement.
Denis Lachaud réussit dans un texte très aéré et cohérent à aborder un sujet tabou, la maladie psychique suffisamment handicapante pour entraver la vie professionnelle, en un mot vous exclure de la société.
Chaque cas est particulier et s’il n’est pas possible de généraliser à propos de maladies que les médecins honnêtes reconnaissent avoir du mal à cerner, la libération de la parole de ceux et celles qui les vivent au quotidien doit permettre pourtant de mieux les comprendre plutôt que de les juger sans connaissance de cause.
On se dit « Quel courage, venir sur scène pour parler de son handicap. N’est-ce point une exhibition ? ». En fait pas du tout, il s’agit du partage d’une expérience, d’un vécu difficile d’une personne avec ses congénères de façon à faire sortir de sa cachette où il est reclus un mal existant, ne serait-ce que pour le contrer. Aujourd’hui encore bien des maladies sont tabou. On peut évoquer le Sida mais aussi des maladies psychiques ou mentales. Bien sûr on en parle à la télévision, il y a des articles dans les médias mais dans la réalité c’est autre chose.
Avisez-vous de déclarer que vous êtes bipolaire et vous observerez le regard fuyant de votre interlocuteur.
L’expérience de Florence Cabaret traduite par Denis Lachaud rappelle curieusement, toutes proportions gardées, une nouvelle « fantastique » de Maupassant Le Horla où s’exprime la panique d’un individu en proie à un dédoublement de la personnalité.
Il y a quelque chose de fascinant quand même dans ce que nous raconte Florence Cabaret alors même qu’elle nous apparait très naturelle, en fait aux antipodes de la personne borderline qu’elle nous décrit.
Elle jouait au théâtre Marie Tudor, un rôle dans lequel elle s’était complètement investie. Un jour, elle s’est prise vraiment pour Marie Tudor, a enterré ses papiers d’identité et a erré dans la ville en plein délire durant trois jours avant d’être retrouvée.
Je est un autre disait Rimbaud. Les comédiens.nes doivent savoir qu’il y a une frontière entre sa propre personnalité au quotidien et le personnage incarné. Le savoir est une chose, le vivre en est une autre.
Dans ce seule en scène où elle interprète non seulement son propre personnage mais aussi sa mère et des médecins, elle tient les rênes de son histoire avec humour et fair play. Elle rend hommage à cet art théâtral qui permet de se dépasser en invoquant des personnages, miroirs tendus vers le public qui toujours en redemandera.
Car les spectateurs.trices savent combien ils. elles doivent aux artistes et gens de théâtre en particulier, ces moments uniques d’évasion à la rencontre « d’un double et même plusieurs : le petit bonhomme dedans qui crie au secours, et toute une foule de sosies bien différents les uns des autres « ( André Benedetto) et parfois reconnaissons-le de nos fantasmes les plus enfouis. Quand cela se passe au théâtre et nulle part ailleurs !
Ce spectacle a rencontré un grand succès au festival d’Avignon 2023, je le recommande.
Article mis à jour le 30 novembre 2023
Evelyne Trân
Merci de Moa0758568821 moabaid656@gmail.com
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