
Interprètes / Intervenants
- Interprète(s) : Dominique Pinon, Catherine Arditi, Fabio Marra, Sonia Palau, Floriane Vincent, Aurélien Chaussade
- Régisseur : Pierre Mille
- Scénographie : Audrey Vuong
- Costumes : Alice Touvet
- Tableaux : Pasquale Mascoli, Fadeev Alexander
- Vidéo : Prova Films
- Lumières : Kelig Le Bars
- Diffusion : Sylvie Vaillant

« Fabio MARRA défend une certaine idée de l’homme, celle de l’homme nature, tous les personnages de ses pièces sont « nature », leurs affects sont souverains, ce sont eux qui leur dictent leurs choix de vie, qui leur assurent cette liberté d’être, de s’exprimer comme ils le sentent et d’échapper aux moules qu’impose la société qui privilégie la norme et met de côté ceux qui n’y répondent pas. »
C’est ce que j’écrivais à propos de la pièce « L’ensemble » créée en 2017 au Petit-Montparnasse.
Dans ce nouvel opus qui constitue une sorte de roman familial, Fabio MARRA dresse le portrait d’un marginal, un artiste peintre, Vittorio qui n’a jamais osé peindre en son nom propre ou dévoiler ses œuvres, préférant rester à l’ombre de grands maîtres dont il copie le style en y ajoutant cependant sa propre inspiration. Il devient la proie d’un trafiquant de tableaux qui l’exploite sans vergogne. Nous le découvrons au moment où menacé d’expulsion et aux abois financièrement, il doit demander de l’argent à sa sœur. Il a quasiment rompu les ponts avec sa famille, sa sœur, son fils qui ayant eu connaissance de son séjour à l’hôpital viennent à son secours.
L’homme étant devenu acariâtre, la sœur Clara jouée par la pétulante Catherine ARDITI devra s’armer d’une patience angélique.
Mais cet homme subit la pitre épreuve pour un peintre, il devient aveugle suite à une DMLA (Dégénérescence maculaire liée à l’âge). Une maladie qui pourrait symboliser l’aveuglement mental de Vittorio.
Si les dialogues sont d’une simplicité désarmante et concrète, le mélodrame pointe son nez. Pourtant Fabio MARRA ne sombre jamais dans le pathos, sa couleur des souvenirs est aussi vaporeuse que celle des rêves et n’est-ce point dans les rêves que les personnes aimées peuvent réapparaître, ainsi la mère aimante de l’artiste.
Le prosaïsme des situations, un certain manichéisme avec un méchant pointé du doigt, l’odieux marchand d’art, et les visions de plus en plus troublées du peintre où refont surface les bons et mauvais souvenirs et surtout la figure idéale de la mère, fusionnent dans un tableau familial particulièrement touchant.
La scénographie confiée à Audrey VUONG est un plaisir pour l’œil qui passe de l’atelier du peintre à l’appartement de la sœur Clara et la galerie où vont être exposés les tableaux de l’artiste.
Dans cette histoire où tous les personnages et les situations nous interpellent grâce aussi à une excellente distribution, il va de soi que le monde décrit par l’auteur est bourré de petites et grandes adversités. Mais il est possible d’y faire front persiste à écrire Fabio MARRA.
Un spectacle qui a de la gueule et de la poésie, celle du génial Dominique PINON en l’occurrence. Oh foutue tendresse, faut-il donc que tu t’exprimes dans ce monde de brutes !
Le 25 juillet 2023
Evelyne Trân