
Avec : Eva Freitas, Aurélien Vacher
Nous en avons tant entendu parler dans les médias de la guerre entre les Israéliens et les Palestiniens, le sujet est brûlant, terrible et la vérité, c’est que nous avons la tentation de le chasser de l’esprit. Qui sait, si nous abordions le sujet, nous pourrions être pris à partie par les intéressés qui vivent réellement cette guerre depuis déjà plus d’un demi siècle.
Valérie ZENATTI, l’auteure d’une bouteille dans la mer de Gaza, qui a vécu son adolescence en Israël, fait partie de ceux qui n’ont pas choisi cette situation de guerre infernale. Un événement a déclenché l’écriture de son roman, un attentat le 9 Septembre 2003 au Café Hillel où une jeune fille la veille de son mariage et son père trouvèrent la mort. C’était le jour du 10ème anniversaire des accords d’Oslo en 1993 qui devaient conclure la paix mais restèrent sans effet suite à l’assassinat de Yitzhak Rabin.
Son roman donne d’emblée la parole à Tal, une adolescente israélienne. C’est sa voix intérieure que nous entendons, ses pensées, ses peurs, ses angoisses. Tal se rêve une amie à qui elle pourrait se confier. Alors un jour elle décide d’envoyer une lettre qu’elle enfouit dans une bouteille et confie à son frère soldat à Gaza, lui demandant de la jeter dans la mer. Cette bouteille qui n’est pas innocente – il s’agit de celle qu’avait bue ses parents le jour des accords d’Oslo – tombe entre les mains d’un jeune homme palestinien Naïm.
Naïm, également adolescent, en plein questionnement, va répondre à Tal par emails, tout d’abord un peu brutalement, sans doute par méfiance ou pour se protéger de son émotion. Progressivement, un véritable dialogue s’instaurera entre les deux adolescents. C’est une merveilleuse chance pour eux que cette rencontre. Comment être à l’écoute de l’autre sans le voir, comment croire pouvoir être entendu. Mais les jeunes découvrent rapidement qu’ils ont en commun les mêmes doutes, les mêmes frustrations, les mêmes révoltes. A travers leurs échanges, c’est la vie quotidienne de part et d’autre de la frontière, rythmée hélas par des attentats, que nous découvrons.
Camille HAZARD a adapté de façon remarquable pour le théâtre ce roman, de façon amoureuse pour reprendre les termes de Valérie ZENATTI vis à vis de ses personnages . Amoureuse dans le sens de la délicatesse affranchie de toute mièvrerie, celle la même contre laquelle se cabre le jeune Naïm conscient de l’hypersensibilité de son interlocutrice Tal.
Naim est volontiers provocateur dans ses propos mais Tal trouve toujours le change dans la douceur, obstinément. L’un et l’autre s’apprivoisent et l’on pressent que chacun va finir par accueillir l’autre comme une 2ème voix intérieure.
Dans la mise en scène de Camille HAZARD, l’on assiste comme à un véritable ballet de voix qui se raccordent quasi musicalement. Tal et Naïm sont juste séparés par des barbelés, leurs voix s’élèvent au-dessus, elles se répondent et s’expriment aussi solitairement. Tal et Naïm ne se disent pas tout, ce n’est pas possible, alors leurs échanges sont d’autant plus précieux !
Quelques séquences vidéo permettent aux spectateurs d’être associés à l’ambiance qui règne à Jérusalem ou à Gaza.
Nous avons eu l’impression d’assister à un opéra à mi-chant d’une grande pureté, ouvrant son espace à de jeunes voix, celles de la jeunesse étant les plus révolutionnaires assure Valérie ZENATTI.
C’est à travers ces voix que la paix se récoltera. Et nous saluons à ce titre et pour leur talent, ces magnifiques graines de comédiens, Eva FREITAS et Aurélien VACHER ainsi que la jeune metteure en scène si bien inspirée Camille HAZARD.
Article mis à jour le 20 Janvier 2022 Evelyne Trân
Merci beaucoup j en parlerai demain bizz à vous deuxMoa
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Merci Moa . Peut être auras tu la possibilité de voir la pièce. Il faudrait contacter la metteure en scène. Camille H
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