Une rencontre entre deux hommes qui, en l’occurrence, ne sont pas n’importe qui puisqu’il s’agit de deux philosophes phares du 17ème siècle, DESCARTES et PASCAL.
Il n’empêche, à l’instar de Jean Claude BRISVILLE qui a imaginé cet entretien entre ces deux personnalités, ce qui peut saisir aux tripes le spectateur c’est l’évidence de ce dialogue sans issue entre un homme jeune et un homme mûr, rendez-vous parfois manqué entre un père et un fils , entre un professeur et son élève, entre un soi jeune idéaliste et un soi assagi plus raisonnable.
Irions-nous jusqu’à dire que Descartes et Pascal sont des humains comme les autres. Jean Claude BRISVILLE se range volontiers dans cette perspective. S’ils n’étaient pas un peu humains, comment leurs pensées nous toucheraient-elles ?
En littérature me disait un professeur ce sont toujours les mêmes thèmes qui reviennent, la vie, la mort, l’amour. En philosophie également. Mais nous avons vite fait de revenir sur terre parce que ce n’est pas tout d’avoir des idées, il faut vivre aussi.
Quelle ironie d’introduire un peu de prosaïsme dans le tumulte des idées.
Ce qui est intéressant, c’est de voir avec quelle passion, celle de leurs corps en présence, deux hommes peuvent s’affronter, de telle sorte que nous puissions être intrigués non pas tant par les idées énoncées que par la manière de les formuler.
Photo Bernard PALAZON
Poignées de mains, poignées d’idées, la foi contre la raison etc. Dieu et la religion politique, la vérité c’est que chacun des personnages sont à la place de leur vie propre et c’est de leur propre place qu’ils s’observent et s’inquiètent mutuellement.
Photo Bernard PALAZON
Théâtre de la vie qui tombe sous le bon sens. DESCARTES interprété par Daniel MESGUICH dispose d’une faconde impénétrable, celle de la maturité étrangement insolente face à William MESGUICH, un jeune PASCAL, particulièrement mal dans sa peau, maladif, mais inspiré comme un fruit brûlé par le soleil.
Les deux interprètes Daniel et William MESGUICH tiennent la chandelle haute pour faire basculer à travers la flamme plus que des idées, des sentiments, notamment celui de vanité et d’impuissance, d’une fragilité ostensible où guette l’espérance car en dépit de leurs désaccords plus sur la forme que sur le fond, Descartes et Pascal se sont bien rencontrés.
Cette rencontre qui fait écho au chaud et au froid qui nous environnent, à des révoltes, des remords et des rêves déçus, à différentes couches d’une conscience parfois endormie qui se réveille au théâtre… Oui, c’est vraiment magnifique !
Paris, le 6 Septembre 2014, mis à jour le 20 Avril 2015 Evelyne Trân