L’ATELIER de Jean-Claude GRUMBERG à LA FOLIE THEATRE 6, rue de la Folie Méricourt 75011 PARIS du 28 Mars au 12 Mai 2013

Mise en scène de Dalia Bonnet, Coralie Paquelier, assistante à la mise en scène Marinelly Vaslon.
Avec : Bruno Sultan, Dalia Bonnet, Hélène Lausecker, Charlotte Forest, Marinelly Vaslon, Marianne Duchesne, Victor Veyron, Victor Le Lorier, May Alexandrov, Gwennoline Guillemot, Laura Domenge
Costumes de Dominique Borg et Catherine Gorn

P.S. : L’équipe du spectacle    était  invitée à l’émission « Deux sous de scène » sur RADIO LIBERTAIRE, en 1ère partie, le samedi 20 Avril 2013 (disponible à l’écoute sur le site « grille des émissions de Radio Libertaire » et téléchargeable.)

 Dans un atelier de confection de 1945 à 1952, avec cette eau courante du travail au quotidien, et le bruit des paroles des couturières vissées sur leur  siège, quand on croit qu’il ne se passe rien, que les aiguilles de l’horloge personne ne les regarde,  voilà que parfois elles tournent à l’envers, au milieu des rires, des papotages.

 Comme si elles avaient le dos tourné ces personnes qui ne sont là que pour le travail, oui c’est de dos aussi que nous les imaginons raconter leur vie en cousant, en reprisant des vêtements, l’esprit un peu trop souvent ailleurs.

 De face et de dos, avant et après, maintenant et demain, dans un même lieu, se retrouvent des personnes diverses qui ne se connaissent pas, se supportent ou s’apprécient, s’épaulent ou se détestent mais sont toutes porteuses d’histoires plus ou moins lourdes qu’elles évacuent par la sueur, le rire, et des non-dits encore plus pesants que les bavardages.

 Jean Claude Grumberg n’était qu’un petit garçon à l’époque où se déroule sa pièce, mais on ne peut s’empêcher de le voir entrer et sortir dans cet atelier pour étancher sa soif de comprendre, d’aller voir sa mère dans ce même atelier et presque sous la table s’éponger de toutes les paroles qui y courent.

 Jean-Claude raconte principalement l’histoire de sa mère qui ne pouvait faire le deuil de son mari déporté en camp  de concentration. Son histoire devient aussi celle  des autres ouvrières  parce qu’elle partage leur vie au travail. Ne dit-elle pas qu’elle se change les idées seulement en allant à l’atelier.

  Parce qu’on vit dans cet atelier où chacune des ouvrières apporte sa part de rire, de rêves, de chansons. Il y a la comique, la coincée, la jeunette, le silencieux, le syndicaliste, la patronne plutôt bienveillante et le patron fort en gueule et explosif.

 Jean Claude Grumberg dit que les comédiens doivent être en situation. Tous le sont de façon vraiment bouleversante. Pourtant il n’y a pas de pathos dans cette pièce, pas de tire larmes, mais chacun pour soi, nous pourrions aisément nous identifier à l’un de ces personnages, cousins, sœurs, étrangers, ici ou ailleurs, hier et aujourd’hui.

 Il s’agit d’une véritable rencontre humaine. Dans cet atelier, on écoute, on parle, on s’épie, on se dévisage, on se peut se déchirer mais on vit. On se bouscule pour ramasser chacun un morceau du verre brisé qui puisse écrire notre histoire, car chacun des débris lance des étincelles de lumière, d’espérance, chacun pour essayer de mieux voir, s’aimer.

 Jean Claude Grumberg présent à l’une des représentations a juste reproché avec malice aux comédiennes de ne pas savoir coudre. Mais nous ne voyons pas les coutures dans ce spectacle. il faut croire que les metteures en scène ont des mains de fée et que les interprètes partagent leur bonheur et le nôtre. C’est un spectacle excellent à tout point de vue, l’un des meilleurs de la saison, qui redonne l’appétit de vivre, un peu de foi en l’humanité. Comment ne pas être ému de se voir dans la main d’un autre ou d’une autre !

 Paris, le  6 Avril 2013                        Evelyne Trân

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